Les jeux étaient faits et les démocrates, qui avaient obtenu l’audition d’un nouveau témoin, ont finalement renoncé (pour ne pas gêner Biden?) et Donald Trump a été acquitté. Il fallait 67 voix pour le condamner, il n’y en a eu que 57. Trump restera quand même dans l’histoire pour avoir été le seul président à subir deux procès en destitution et deux acquittements. Le leader républicain du Sénat, Mitch McConnel s’est retranché derrière des arguments juridiques pour ne pas voter contre l’ancien président, mais il n’a pas caché le fond de sa pensée: » Il n’y a aucun doute, aucun, que le président Trump est, dans les faits et moralement, responsable d’avoir provoqué les événements de cette journée » du 6 janvier.
A Mar-a-Lago, où il vit en reclus, Donald Trump a triomphé : « Notre mouvement magnifique, historique et patriotique, Make America Great Again, ne fait que commencer. Dans les mois qui viennent, j’aurai beaucoup de choses à partager avec vous et suis impatient de continuer notre incroyable aventure pour la grandeur de l’Amérique ».
Une X-ième fanfaronnade ou le début d’une reconquête? L’ancien président, toujours haut dans les sondages, est fort des 74 millions d’Américains qui ont voté pour lui -seul Biden, évidemment, a fait mieux dans l’histoire électorale – mais, avec le temps, ses soutiens vont s’amenuiser. Quelle sera son audience? Twitter l’a banni définitivement -pour l’instant- et Facebook réfléchit à son interdiction pour toujours; Trump, lui, songerait à créer un nouveau réseau…
Si les Républicains ne l’ont pas lâché, ce n’est pas forcément parce qu’ils l’aiment. Ils le savent responsable du 6 janvier, ils l’accusent de leur avoir fait perdre la majorité au Sénat en raison de son entêtement à prétendre qu’il avait gagné la présidentielle, mais ils savent que sa base reste forte et que voter contre lui aurait pu leur faire perdre des voix. Les élections de midterm sont dans deux ans, beaucoup d’élus l’ont été grâce à Trump… On verra … En janvier, 140 000 électeurs se sont désaffiliés du parti républicains dans 25 États où ces données sont disponibles…Sans oublier que la justice peut inquiéter fortement M. Trump…
S’il n’y a eu que sept « défections » au Sénat, des personnalités de premier plan comme Nikki Haley, ancienne gouverneure de Caroline du Sud et ex ambassadrice américaine à l’Onu, montent au créneau pour affirmer que Donald Trump est « tombé trop bas » pour espérer se représenter en 2024. Elle briguera sans doute la candidature. D’autres figures républicaines partagent cet avis et on prête à une centaine d’ « anciens » l’intention de fonder un nouveau parti de centre-droit ou de créer une aile modérée au sein du parti actuel. Le président Biden que ce procès contrariait quelque peu en empêchant le Sénat d’avancer sur son programme, est plutôt soulagé. Le Congrès va maintenant se pencher sur son plan de relance de 1900 milliards de dollars, sur la lutte contre le covid et l’accélération de la vaccination, sur son grand objectif de réconciliation. Il sait que son prédécesseur a divisé le pays, il dit sa responsabilité: » « Même si le vote final n’a pas abouti à une condamnation, le fond de l’accusation n’est pas contesté. Ce triste chapitre de notre histoire nous a rappelé que la démocratie est fragile. Qu’elle doit toujours être défendue. Que nous devons toujours rester vigilants ».