Après Ahmed Achour, un autre grand artiste et néanmoins ami s’en va. Mohamed Aziz Ben Otman ou comme nous l’avons toujours connu, admiré et aimé: Hamadi.
Hamadi Ben Othman était ce que l’on appelle un grand doué. Peu d’études académiques, mais un grand talent. Bon luthiste doublé d’un excellent interprète à la voix chaude et juste, et au final un habile compositeur qui ne manquait pas de sensibilité. Ayant fait ses armes au sein de la jeunesse scolaire au lycée d’Ibn Charaf, il s’était d’abord dirigé vers le théâtre et eut une brève expérience au Théâtre régional de Gafsa avec ses compères Raja Farhat , Moncef Ben Amor autres Fadhel Jaziri et Fadhel Jaibi, au milieu des années soixante-dix , avant de remonter à la Capitale où il terminera un diplôme de musique arabe et intégrera le Conservatoire comme professeur. C’est alors que Hamadi découvrit la voie qui le mènera à la gloire: la musique de scène.
Sous l’impulsion du grand metteur en scène Moncef Souissi, il composera la quasi-totalité des grandes pièces de la Troupe régionale de théâtre du Kef dont Al Hallaj, et surtout le grand succès Atchane ya Sabaya(Soif). Il poursuivra avec la même troupe sous la direction de Kamel Alaoui et composera notamment la musique de Un autre Faust de Samir Ayadi, avant de se tourner vers la télévision et le cinéma et travailler avec les réalisateurs les plus en vue dont Hamadi Arafa pour qui il composa la musique du feuilleton historique Al wathiq billâh Al hafsi.
Volontaire, il apprit vite le métier de chef d’orchestre du pays et eut sous sa baguette La Troupe de la radio-télévision et la troupe nationale. J’ai connu Hammadi au sein des Jeunesses musicales qu’il présida quelque temps avant de me passer le témoin. Nous participâmes à de nombreuses nombreuses manifestations internationales et j’ai pu mesurer lors de nos différents voyages le sens de la responsabilité et d’appartenance de l’homme qui savait être drôle et plaisant à l’occasion.
Hammadi était d’un commerce agréable, humble et attachant. Il nous laisse le souvenir d’un grand monsieur et de belles mélodies que nous continuerons à fredonner avec son chanteur fétiche Chadli Hajji: « Rouhi maa lariah ouine matrouhi »…
Repose en paix, Hammadi!