« Une lutte est actuellement menée pour le cœur de Jérusalem. Il ne s’agit pas d’une nouvelle lutte. C’est la lutte entre l’intolérance et la tolérance, entre la violence qui enfreint la loi et la loi et l’ordre » Pour Benjamin Netanyahu qui prononce ces mots, « les forces d’intolérance qui veulent exproprier nos droits » sont évidemment les Palestiniens et il doit « prendre des positions fortes pour garantir les droits de chacun ». Comme le président Reuven Rivlin et le général Ghassan Alian, chargé de la liaison militaire entre Israël et les Palestiniens, le Premier ministre qui expédie les affaires courantes, affirme qu’Israël est attaché à « permettre la liberté de culte à Jérusalem » que « profanent les émeutiers »…
Pourtant, et même si le ramadan est une période propice aux manifestations et affrontements, la responsabilité première de la dramatique situation actuelle incombe à l’Etat hébreu qui avait d’abord fermé des lieux aux jeunes Palestiniens puis laisser les extrémistes de droite racistes, représentés à la Knesset par la faute de Netanyahu prêt à tout pour gagner, défier Palestiniens et Arabes israéliens dans le quartier de Sheikh Jarrah où des expulsions en faveur de colons sont en cours -le tribunal a reporté les audiences en raison des événements. Dès lors, la violence ininterrompue a pris le dessus et même si la police a pu tenter d’arrêter des juifs, les heurts majeurs opposent les jeunes Palestiniens aux forces de police. Des grenades ont même été tirées vers et dans la mosquée Al-Aqsa.
Ce matin, plus de 300 Palestiniens ont été blessés sur l’esplanade des mosquées ainsi que 16 policiers. Et les craintes étaient fortes car pour les Israéliens, c’était aujourd’hui « la marche des drapeaux », la commémoration de la « reconquête » de Jérusalem en 1967. Elle a finalement été annulée vers 17 heures, mais elle était déjà partie et des heurts n’étaient pas exclus d’autant que le défilé se poursuivait, la colère est grande contre le Hamas qui a lancé des roquettes. Vers 18 heures locales, l’alerte a retenti à Jérusalem en raison du tir de sept roquettes par le Hamas. Un peu plus tôt dans la journée, le Hamas, qui accuse Israël de « véritable massacre et crimes de guerre », avait menacé Israël d’ « escalade » si les forces de sécurité israéliennes ne s’étaient pas retirées de certains quartiers de la capitale avant 18h. A 18 heures, les premières roquette tombaient Le mur des lamentations était évacué. Ensuite, des salves partaient toutes les cinq à dix minutes, dirigées plus vers le sud et souvent interceptées par le « dôme de fer »
A New York, le conseil de sécurité, réuni d’urgence à la demande de neuf de ses membres dont la Tunisie et la France n’arrivait pas à adopter une déclaration commune assez ferme proposée par la Norvège, les Etats-Unis jugeant, selon des diplomates, qu’un « message public n’était pas opportun à ce stade ». Les Etats-Unis travaillent « en coulisses » pour ramener le calme. Ce sont eux qui auraient forcé le gouvernement israélien a décrété l’interdiction aux Juifs de se rendre sur l’esplanade des mosquées, le Mont du temple.
On espérait une accalmie à la rupture du jeûne, à 19h33, mais la crainte était forte pour la soirée d’autant que le Djihad islamique annonçait une grande surprise à 21 heures. Tsahal avait déjà commencé à riposter visant principalement des cibles stratégiques, c’est-à-dire les sites de construction des roquettes que l’Iran ne peut plus fournir en raison de la fermeture des frontières de Gaza par l’Égypte et de la forte surveillance de la mer. Le conseil de défense d’Israël a décidé, en début de soirée, que sa riposte serait proportionnelle à l’intensité des tirs de roquettes du Hamas.
Les observateurs se demandent dans quelle mesure le président de l’Autorité palestinienne ne porte pas une part de responsabilité dans ces évènements. En reportant sine die les élections palestiniennes qu’ils risquent bien de perdre, Abou Mazen aurait donné aux jeunes Palestiniens et l’impression que la politique ne menait à rien et que la lutte pouvait se déplacer vers la religion. De plus, le Hamas, qui pouvait gagner en Cisjordanie, entend montrer qu’il est le meilleur défenseur des intérêts palestiniens et de Jérusalem. Il entend également prouver sa capacité à frapper partout, même à Jérusalem. Il semble aussi que les actions du Hamas dépendent aussi des rivalités au sein de ses dirigeants. Si le chef de la branche militaire, Mohammad Deif est celui qui a menacé Israël, les opérations seraient dirigées de Turquie par Saleh Arouri, le numéro 2 politique.
Ce soir, les commentateurs estimaient que les heurts allaient aller crescendo et l’on évoquait l’action possible et prochaine de commandos au sol de Tsahal dans la bande de Gaza. Demain, les écoles seront fermées près de la bande de Gaza.