Alors que par deux fois, les Etats-Unis ont refusé une déclaration commune, même pas une résolution, le ministre palestinien des Affaires étrangères, Riyad Al-Maliki, s’est indigné à l’occasion de la réunion publique du Conseil de sécurité: « Combien faudra-t-il de morts palestiniens avant une condamnation? A partir de quel seuil vous scandalisez-vous? » La question mérite d’être posée et pas seulement au président américain que la Chine a accusé « d’obstruction ». Reconnaître le droit d’Israël à se défendre est une chose mais il faut aussi se demander d’où venait la première provocation. Des Israéliens extrémistes et racistes que Netanyahu a fait élire à la Knesset. On peut condamner les tirs aveugles de roquettes, rappeler que le souci premier du Hamas n’est pas la protection des Gazaouis, on doit aussi voir que Netanyahu « travaille » plus pour lui que pour son pays et qu’avant la réunion du Conseil de sécurité, il a bien montré qu’il n’accordait que peu d’intérêts aux remarques internationales en déclarant que l’immeuble d’Al Jazeera et d’AP était une « cible parfaitement légitime ». A Gaza, on s’interroge sur l’impact des décisions de l’ONU sur le Premier ministre israélien: « Soutenu par l’Amérique, Israël s’en fout » déclarait ce matin sur la radio Europe 1 une professeure de français, Assia, qui vit à Gaza.
Aujourd’hui, un journaliste de Times of Israël, tout en traitant le Hamas de « monstre de Gaza », écrit que si « Israël réalise des gains tactiques, le Hamas reste le vainqueur stratégique » et qu’il faut que l’Etat hébreu reconsidère sa politique. Le Hamas et la bande de Gaza qui ne survivent que grâce à l’aide du Qatar acceptée sinon encouragée par Israël est en passe de prendre, au prix de vies humaines, l’ascendant sur le Fatah, sur l’Autorité palestinienne, sans aucune autorité, de Mahmoud Abbas, non seulement dans les territoires occupés, mais dans tout le monde arabe.
Ce triste épisode, bien moins meurtrier que celui de 2014, peut avoir davantage de conséquences, changer la donne.
Avant la réunion du Conseil de sécurité, le secrétaire général de l’ONU Antonio Guterres avait lancé un cri d’alarme: ‘Le carnage a continué aujourd’hui. Ce cycle insensé d’effusion de sang, de terreur et de destruction doit cesser sur le champ. Ces affrontements risquent d’entraîner Israéliens et Palestiniens dans une spirale de violence aux conséquences dévastatrices pour les deux communautés et pour toute la région ». Les États-Unis pouvaient-ils ne pas l’entendre, ne pas entendre le ministre palestinien, préférer croire le représentant israélien qui accusait le Hamas d’avoir « prémédité » le conflit ?
A 20h, la réunion se poursuivait et l’on murmurait, en coulisses, que Washington pourrait changer d’avis, mais à Jérusalem, on estimait avoir encore du temps pour frapper en raison du soutien en Amérique et en Europe. Le réseau de tunnels souterrains, le « métro » a été détruit ce qui handicape lourdement les combattants du Hamas, mais Israël qui admet faire des victimes « civiles » reconnaît que ses prochaines cibles militaires sont plus problématiques car situées dans des zones densément peuplées. Finalement, malheureusement, les Etats-Unis n’ont pas bougé, continuant à refuser toute déclaration conjointe. Les négociations continuent sur un texte commun visant à appeler à la fin des hostilités et réaffirmer le projet d’une solution à deux Etats vivant côte à côte, Israël et la Palestine, sur la base des résolutions déjà adoptées par l’ONU. Attendu aujourd’hui à Paris, le président égyptien, qui a pris contact avec les deux camps et tente de proposer un cessez-le-feu avec l’aide de la Tunisie, pourrait lancer un appel avec la France.
Dans la ville mixte d’Akko, -Saint Jean d’Acre- où des émeutes ont éclaté, bien des habitants, arabes comme israéliens, n’ont qu’un souhait: vivre en paix… Mais aujourd’hui, la liste des victimes s’est encore allongée, celle des destructions aussi.