« Nous avons été clairs et cohérents sur le fait que nous nous concentrons sur les efforts diplomatiques intensifs en cours pour mettre fin à la violence et que nous ne soutiendrons pas les actions qui, selon nous, sapent les efforts en faveur d’une désescalade » a déclaré la porte-parole de la mission américaine à l’ONU. Et c’est pour cette raison que les Etats-Unis rejettent le projet de résolution français pour un cessez-le-feu. On a un peu de mal à comprendre. Et pourtant, c’est simple: il faut y aller doucement, ne pas freiner sec, il faut décélérer, désescalader. On pourrait le dire autrement: Washington veut laisser du temps à Israël pour atteindre son but. Joe Biden l’a pratiquement dit à Benjamin Netanyahu: « désescalade aujourd’hui » puis cessez-le-feu. L’Israélien reconnaît qu’il attendra « le moment opportun », ajoutant qu’il n’y a que deux solutions face au Hamas qu’il accuse d’avoir provoqué le conflit et de se servir des civils comme boucliers humains; « les écraser ou les dissuader ». Il n’en exclue aucune, affirmant qu’il refuse que le Hamas puisse crier victoire le jour du cessez-le-feu. Les militaires avouent que le mouvement islamiste les a surpris…
Le secrétaire d’État américain met en garde contre de « fausses équivalences »: 2000 attaques israéliennes menées avec le souci d’épargner le plus possible les vies humaines et 3000 roquettes tirées à l’aveugle sur les populations civiles. Peut-être ne s’est-il pas demandé pourquoi le 10 avril à 18 heures, les premières roquettes étaient tombées. Il aurait dû prendre en compte les événements et discours précédents qui ont attisé la colère palestinienne ou arabe israélienne. En France aussi, certains comme Manuel Valls, Luc Ferry, Élie Chouraqui, Pierre-André Taguieff, Michèle Tribalat et quelques autres s’indignent que certains osent renvoyer les belligérants dos à dos ou évoquer une provocation originelle israélienne ». Dans une tribune sur FigaroVox, ils affirment aussi qu’ « en affrontant la figure avancée de l’islamisme à Gaza, Israël contribue à la défaite d’un totalitarisme islamique qui sévit aussi sur notre territoire ». N’y aurait-il pas un mélange bien facile et léger, des amalgames outranciers? Le seul droit des Palestiniens serait-il de se résigner, d’accepter des miettes d’État? Le Hamas sacrifie des vies pour acquérir un leadership politique. Il l’obtiendrait s’il abandonnait ses chimères… Il faut le dire: une majorité de Palestiniens et d’Israéliens, s’ils sont prompts à se défendre, rêvent avant tout de paix.. Revenir aux racines du mal, du conflit… Ce conflit pousse toute la région « dans la mauvaise direction » déplore avec raison l’Arabie Saoudite.