Klaxons, applaudissements, slogans, danses , que de joie dans les rues de Tunis suite aux annonces du Président de la République Kais Saied… Pourtant c’est avec un regard perplexe que j’observe ces explosions de joie, avec une sensation étrange de déjà-vu.
Les événements de janvier 2011 qui avaient conduit le peuple tunisien à la démocratie n’avaient pas bénéficié d’une telle euphorie, car rappelons le, ils s’étaient déroulés dans la douleur, dans le sang et les larmes. C’était le prix de la démocratie et de la liberté.
Dix ans de cette liberté, lui avaient fait perdre de sa valeur. Oui, la liberté subissait elle aussi la crise économique et sa gestion calamiteuse, le chômage de masse, la pandémie, les manœuvres politiciennes, la polarisation partisane, les mouvements sociaux interminables, le décrochage scolaire, la hausse de la violence… Bref, la paupérisation intellectuelle et économique du peuple tunisien.
Comme la liberté était à vendre au plus offrant, et que le populisme par le biais de la fonction présidentielle de Kais Saïd se parait de ses plus beaux atours en tirant profit de l’accumulation de dons pour lutter contre la pandémie, de la cacophonie au parlement, d’une rigidité politique présentée comme probité, d’une ambition dévorante ainsi qu’une rancune assassine. Et enfin un opportunisme qui avait trouvé le temps juste pour mettre sous perfusion un peuple en mal d’espoir.
Il faut reconnaître que Kais Saied a rallumé la torche de l’espoir. Et c’est tant mieux. Cependant ce feu s ‘il n’est nourri que de chasses aux sorcières, de menaces, de revanches, d’exclusions, et qu’il y a ni programme , ni dialogue, ni entente.Et si il n’y a pas rétablissement rapide des institutions démocratiques, alors ce feu-là s’éteindra très vite pour laisser place à la suie de la désillusion.
Maintenant que j’y repense … il y a ici un déjà- vu d’un certain 7 novembre 1987…