Cet après-midi, des Druzes d’un village du Sud-Liban ont arrêté un camion équipé de lance-roquettes multiples et accusé les hommes du Hezbollah de mettre en danger la vie des civils. L’armée a confisqué les lance-roquettes et arrêté quatre suspects. La milice chiite a confirmé que le groupe avait mené l’attaque contre Israël.
Pourquoi le Hezbollah a-t-il provoqué, rompu cette trêve qui s’était installée depuis 2014 en lançant trois roquettes mercredi, puis 19 aujourd’hui? Pour au moins deux raisons: la situation intérieure du Liban et l’influence de l’Iran, pays qui vient de changer de président et qui est pratiquement en guerre des mers avec Israël.
État dans l’État, le Hezbollah contrôle toute la vie libanaise, mais pourrait entrer dans une phase plus délicate si l’enquête sur l’explosion du port de Beyrouth avance. Malgré ses dénégations, la milice d’Hassan Nasrallah connaissait bien l’existence de ces tonnes de nitrate d’ammonium et aurait organisé leur transfert vers la Syrie pour confectionner les barils explosifs d’Assad. Les experts sont d’accord pour dire que seules 550 tonnes ont explosé… Lancer des roquettes sur l’ennemi serait un bon moyen de détourner l’attention, même si cela ne peut durer…
Un écran pour cacher sa responsabilité dans le désastre que vit le pays du cèdre? Sans doute, mais le Hezbollah ne peut agir sans l’aval des gardiens de la révolution, de l’Iran, son tuteur, son maître. Depuis de longs mois, Israël et l’Iran s’affrontent à pas plus ou moins feutrés sur les mers, du côté d’Oman, et dans le cyberespace. Benjamin Netanyahu a reconnu des attaques dont on n’a pas entendu parler…
Aujourd’hui, le gouvernement de Naftali Bennett redoute que « sous la conduite du bourreau Ebrahim Raïssi, l’Iran s’efforce de devenir une menace existentielle pour Israël » et, persuadé que Téhéran est « à dix semaines d’obtenir l’arme nucléaire » est « prêt à s’engager militairement si cela est nécessaire ». L’Iran monte aussi le ton en lançant « ne nous mettez pas à l’épreuve… la riposte serait décisive ».
Les deux pays se testent, cherchent à savoir jusqu’où ils peuvent aller. Un jeu extrêmement dangereux qui inquiète la communauté internationale avec, côté israélien les Etats-unis et l’Europe, et dans l’autre camp, la Russie et la Chine.
Les lance-roquettes du Hezbollah participent de cette confrontation pour éprouver la détermination de l’Etat hébreu. Il refuse d’aggraver le chaos libanais, les souffrances de ses habitants mais peut frapper très fort. Jusqu’où le poussera le Hezbollah? Les miliciens chiites disposent de quelque 140 000 roquettes et projectiles divers. Bien plus que le Hamas qui avait « étonné » Israël. Aujourd’hui, quatre ballons incendiaires ont été lancés à partir de Gaza. Des actions coordonnées à venir? Ou un coup d’essai sans lendemain? La Finul appelle Israël et le Liban à ne pas laisser la situation dégénérer à cause de « fauteurs de troubles ». Elle est malheureusement incapable de faire plus…