Un gros contrat qui s’envole au dernier moment, que le ministre Le Drian avait initié dès 2014, on peut comprendre que la France soit en colère contre l’Australie, les Etats-Unis et, à un degré moindre, contre la Grande-Bretagne qui a surtout profité d’une belle opportunité. Une colère de plus pour sauver la face.
Les Etats-Unis restent un allié indispensable pour Paris. Barkhane aurait-il eu la peau du chef de l’EIGS si les renseignements américains n’étaient pas là. La vraie question n’est pas celle de l’alliance, mais de la manière dont Washington traite ses amis. Depuis des mois, Les Etats-Unis et l’Australie discutaient de sécurité dans la zone indo-pacifique, du danger chinois, de la meilleure manière de faire face. Et les promesses américaines dépassaient les françaises. Seulement, et malgré les affirmations contraires de Canberra, Paris a été maintenu dans le noir.
Certes, la presse australienne faisait état de problèmes depuis plusieurs mois, mais, au niveau ministériel, tout se passait sans accroc. Un coup de téléphone de Biden aurait évité cette crise. Aujourd’hui, il semble embarrassé, n’ayant pas prévu la réaction de la France vexée d’être considérée comme quantité négligeable.
Emmanuel Macron qui avait cherché, vainement, à être l’ami de Trump n’est pas proche de Biden qui, comme ses prédécesseurs, ne regarde pas vers l’Europe. Biden a eu tort de montrer sans ménagement à la France qu’elle n’avait que peu de poids. Peut-être, mais cette France qui veut compter n’a jamais été un allié docile comme l’Amérique le souhaite. ̈
Première petite compensation : c’est le président américain qui a demandé à parler au Français. Les deux pays sont condamnés à s’entendre car leurs valeurs sont communes. Ils font face au même défi chinois, même si leur approche diffère. Mais la méfiance s’est installée et poussera à revoir les objectifs et le fonctionnement de l’Otan. Et conduire l’Union européenne à parler enfin et sérieusement de défense.