Interprété par Ahmed Hafiene, Lobna Mlika, Lotfi Dziri ou encore Ahmed Snoussi, « Le professeur » est une œuvre qui allie beauté esthétique et réflexion politique.
Disponible sur la plateforme tunisienne de streaming Artify, le film raconte l’histoire en 1977 d’un professeur de droit à Tunis du nom de Khalil Khalsaoui, chargé par le parti au pouvoir de le représenter au sein de la toute nouvelle Ligue des droits de l’Homme. Sa mission est d’y défendre les positions officielles dans une période de tensions entre le gouvernement et les syndicats. Un jour, Khalil apprend que Houda, l’une de ses étudiantes avec qui il entretient une liaison extra conjugale, a été arrêtée dans le sud du pays avec deux journalistes italiens venus enquêter sur les grèves dans les mines de phosphate.
Projeté lors de l’édition 2012 des Journées cinématographiques de Carthage, le film a rencontré un formidable succès public et critique. Et ce pour de nombreuses raisons. L’interprétation des acteurs y est d’une justesse remarquable. Aucun cabotinage, acteurs et actrices confirmés livrent une performance tout en nuance. La mise en scène de Mahmoud Ben Mahmoud formé à l’Ecole belge de cinéma dans les années 70 est très élégante. Réalisateur de « Traversées » (1982), « ChichKhan » (1992) et « Les siestes grenadine » (1999), Mahmoud Ben Mahmoud enseigne l’écriture du scénario depuis 1988 à l’Université libre de Bruxelles. Cadrage, lumière, musique, costumes, rien n’a été laissé au hasard.
Mais ce qui fait la force du film est son sujet, véritable réflexion sur l’essence même du pouvoir qui s’exerce à la fois sur notre vie publique et privée. Un des meilleurs films de l’histoire du cinéma tunisien. Indubitablement.