Et si demain, on préférait, à Paris, Olaf Scholz à Angela Merkel dont le bilan est de plus en plus discuté. Hier jeudi 9 décembre, Emmanuel Macron a détaillé ses ambitions pour l’Union européenne que la France va présider au premier semestre de 2022 : « Nous devons passer d’une Europe de coopération à l’intérieur de nos frontières à une Europe puissante dans le monde, pleinement souveraine, libre de nos choix et de notre destin ». Ce vendredi, Olaf Scholz, le nouveau chancelier, a dit partager cette ambition d’une Europe forte. La chancelière était certes européenne mais poussait à une Europe allemande. Son successeur est à la tête d’une coalition inédite et tricolore qui se dirige selon son contrat de gouvernement vers une Allemagne européenne : « Nous formerons un gouvernement qui définit les intérêts allemands à la lumière des intérêts européens ».
Olaf Scholz, vice-chancelier et ministre des Finances de Mme Merkel est un vieux briscard des relations franco-allemandes, il fut même ministre plénipotentiaire responsable des relations avec la France. Il connaît parfaitement les forces et les faiblesses de son partenaire avec lequel il entend mener l’Union sur un chemin plus souverain et plus solidaire. Des buts communs mais beaucoup d’angles à arrondir. Berlin reproche depuis longtemps à Paris son côté dépensier, son manque de rigueur budgétaire, mais le chancelier a admis que la solidité financière n’est « pas incompatible » avec la croissance voulue par le président. On discutera du maintien des règles budgétaires mises à mal par la relance pour faire face au covid. Pareil en ce qui concerne la défense voulue « autonome » et « complémentaire de l’Otan » par Paris alors que Berlin voit cet Otan comme « pilier central » et « élément indispensable ». La volonté commune de souveraineté européenne et de stratégie collective conduira à des compromis. L’énergie peut également séparer les deux partenaires en opposition sur le nucléaire, énergie « propre « ou non ? Rien ne sera facile mais l’Allemagne post Merkel qui parle même de fédéralisme, d’intégration plus poussée, n’est plus tout à fait sur la voie d’antan. On peut rêver d’un nouvel élan européen.
Mais il y a un point que ni Macron, ni Scholz n’ont évoqué et qui n’est pourtant pas un détail : au conseil européen, la plupart des décisions se prennent à l’unanimité, notamment dans les domaines de la défense, de la fiscalité, de la police, de la justice, du social. La réforme première ne serait-elle pas celle du fonctionnement, avec un passage plus large au vote à la double majorité qualifiée, c’est-à-dire 55% des pays avec 65% de la population. Mais ne faudrait-il pas un vote unanime ?