Par khadija Messaoudi
Il y a tout d’abord la méthode, pour le moins surprenante et inacceptable, dans un pays qui se veut démocratique. Pourquoi envoyer les représentants de la sécurité nationale arrêter un citoyen devant chez lui, et qui plus est en présence de son épouse? Il y a pour cela une procédure connue et reconnue suivie dans tous les pays démocratiques du monde, qui commence par une convocation à comparaître devant le tribunal pour répondre d’accusation.
Ensuite et justement, il y a le droit des citoyens à l’information. De quoi Noureddine Bhiri est-il donc accusé, devant quel tribunal sera-t-il jugé, où et quand? Ne pas donner ces informations, c’est non seulement porter atteinte aux droits fondamentaux d’un citoyen, et par conséquent de tous les citoyens au-delà de leurs orientations et convictions politiques ou culturelles, mais faire preuve d’irrespect de l’intelligence à l’égard de tout un peuple et le traiter comme un peuple mineur.
Comme tout citoyen, l’ancien ministre de la justice et actuel vice-président d’Ennahdha est en droit de bénéficier des garanties que se doit d’offrir une justice indépendante :présomption d’innocence, assistance d’un avocat, respect des règles relatives au déroulement de l’instruction et du jugement, voies de recours…bref, tout ce qui fait une vraie justice dans un pays démocratique.
Brouillonne et brutale, la façon dont il a été procédé pour arrêter Bhiri s’est vite retournée contre le pouvoir en place, et forcément contre le Président Kaïs Saied, qui a donné ainsi à ses adversaires des verges pour le fouetter et au Président d’Ennahdha,Rached Ghannouchi, l’argument de comparer ses méthodes à celles du régime déchu.
Il ne fait de doute, qu’ici aussi, le Président Saied cède au besoin d’un populisme peu soucieux des règles démocratiques perçues comme des freins au rétablissement de l’autorité de l’Etat. Erreur. Grave erreur qui aura de lourdes conséquences tant à l’intérieur qu’à l’extérieur du pays.
Il y avait mieux pour commencer la nouvelle année.