Nous retirons des troupes et du matériel, affirme le Kremlin qui publie des vidéos ; nous ne voyons rien de probant répliquent l’Otan et Washington, la menace est toujours réelle. C’est toujours, autour de l’Ukraine, le temps de la méfiance, du doute, du bluff même si depuis les visites de Macron puis de Scholz à Moscou, la tension semble un peu moins pesante.
Cependant, à Washington, le ton ne baisse pas. Pourquoi ? Parce que les craintes existent. A cause de l’histoire récente et plus ancienne. Joe Biden est -était ?- ce président qui allait faire oublier la catastrophe Trump, ce tricheur comploteur peut-être plus proche de la chute qu’on ne le croit. Mais il est en grande difficulté. Il traîne ce départ sans gloire, sinon honteux, de l’Afghanistan. Si le retrait a été enclenché par son prédécesseur, il n’a pas su anticiper croyant faussement que l’armée afghane existait et allait résister. Pas question d’être pris de court en Ukraine. Ce pays compte peu aux yeux des Américains mais il n’est pas question de tomber dans un piège, de laisser le champ libre à Poutine cet ancien ennemi, quitte à surjouer le danger.
La « guerre » est aussi personnelle entre les deux présidents. Souvenez-vous de cet étrange dialogue en mars 2011 à Moscou. Au vice-président américain Biden qui lui conseille de ne pas briguer un nouveau mandat de président qui « ne serait pas bon pour vous ni pour la Russie », le Premier ministre russe Poutine lance : « Vous vous imaginez peut-être que vous et moi avons la même façon de penser parce que nous avons la même couleur de peau. Mais ce n’est pas le cas ». « Monsieur le Premier ministre, je vous regarde droit dans les yeux et je ne pense pas que vous ayez une âme », lui renvoie l’Américain. « Vous et moi, nous nous comprenons » conclut le Russe. Dix ans après, presque jour pour jour, Joe Biden traite de « tueur » Vladimir Poutine qui, du tac au tac et avec le sourire, riposte « c’est celui qui le dit qui l’est ».
C’est peu de dire que le président américain n’a aucune confiance en son homologue russe. Pour éviter toute mauvaise surprise, il préfère taper fort, sans doute exagérer. Il joue aussi son mandat mal parti, les mid term de novembre prochain. A-t-il raison ou tort ? Les deux à la fois ? Toujours est-il que Poutine n’a rien obtenu de concret, que des promesses de discussions et qu’il a ,en quelque sorte, réalisé ce que l’on croyait impossible : l’union des Européens, les différences sont minimes entre eux, sur un sujet de politique internationale, de stratégie.