Barkhane et le Mali, c’est fini après neuf ans de présence et quelques dix milliards d’euros pout stopper le terrorisme qui menace la région et l’Europe. Une guerre qui n’a pas été gagnée car, malgré des succès évidents, les djihadistes occupent les deux tiers du Mali et lorgnent vers le golfe de Guinée, une des routes de tous les trafics qui sont leur premier moyen de financement, sinon leur but principal. La faute à qui ? A des moyens insuffisants ou plutôt à la trop mauvaise gouvernance malienne ?
Place maintenant à l’après-Barkhane qui ne sera pas un exercice solitaire de la France, assure l’Elysée. Ce n’est pas pour rien que le président français était accompagné de ses homologues de l’Union africaine et de la Cédéao, le Sénégalais Macky Sall et le Ghanéen Nana Akufo Addo, ainsi que du président du conseil européen Charles Michel, pour annoncer la « réarticulation » du dispositif militaire. Comme on le savait, l’armée française quitte le Mali, mais reste présente avec ses partenaires dans le Sahel. La lutte continue.
Rien n’est encore écrit, mais tout sera fait, assure l’Elysée, dans les semaines et les mois qui viennent, en collaboration avec les autres Européens et les Africains qui le souhaitent, qui seront demandeurs. Macky Sall a bien appuyé sur le fait que la lutte contre le terrorisme ne « doit pas être la seule affaire des pays africains ».
Tirer les leçons de ce que Macron refuse de considérer comme un échec, décider ensemble de la stratégie, de la conception, de la philosophie de l’action. Ce ne sera pas facile mais Paris sait que ses forces doivent être moins visibles et sans doute opérer façon forces spéciales en étant plus mobiles, plus réactives et en appui des armées locales. Où ? A la demande, à partir de quelques points fixes et non plus de grandes bases comme à Gao. Autre changement : avec les Européens, et toujours en concertation, l’amélioration du sort des populations confrontées aux djihadistes sera davantage pris en considération. Les aider pour qu’elles ne succombent pas… De bonnes résolutions qu’il faut maintenant mettre en œuvre.
Il faudra d’abord, et en même temps, réussir le retrait, ce qui ne sera pas une partie de plaisir. Et l’effectuer en bonne entente avec la junte et l’armée malienne. Les risques sont réels si l’on se souvient qu’un convoi a été bloqué au Mali, au Burkina et au Niger. Des manifestants manipulés pourraient essayer de forcer les soldats français à la faute, à tirer dans une foule, à tuer…Quatre à six mois, annonce Emmanuel Macron. Il en faudra peut-être plus et les militaires sur le départ devront être protégés par d’autres forces… Takuba, cette force européenne, devrait, elle, être dissoute car elle émanait d’accords avec le Mali et ne peut être transférée sans signatures de nouveaux textes. Quant à la Minusma, son avenir est en suspens, son mandat annuel s’achève le 30 juin. Il ne pourra pas être reconduit dans les mêmes conditions qu’aujourd’hui. L’Allemagne – 539 casques bleus- ne souhaiterait pas rester…
L’après Barkhane va s’écrire. Les semaines qui viennent seront cruciales pour tout le Sahel.