Pas de pitié, pas de clémence pour Alexei Navalny. Dimanche, les autorités russes avaient détourné son avion afin que ses partisans ne puissent l’accueillir et, pratiquement dès sa descente d’avion, l’opposant, qui avait eu le temps de glisser quelques mots – « Je viens d’atterrir ici. Je peux dire que je suis heureux. C’est mon meilleur jour depuis cinq mois…. Ici, c’est chez moi, je n’ai pas peur, je sais que j’ai raison » – et de voir sa femme Ioulia partir seule vers leur domicile , était conduit dans une cellule du commissariat de Khimski dans la banlieue moscovite.
Très vite, les pays occidentaux condamnaient l’arrestation et exigeaient la libération immédiate de Navalny. Aux États-Unis, Mike Pompeo dénonçait une tentative de plus de « faire taire Navalny ». Le futur conseiller à la sécurité nationale de Joe Biden, Jake Sullivan, réclamait sur Twitter la libération de l’opposant et affirmait que « les attaques du Kremlin sur monsieur Navalny ne sont pas seulement une violation des droits de l’homme, mais aussi un affront aux Russes qui souhaitent que leur voix soit entendue.» ( La presse pro Kremlin n’a pas parlé du « patient » de Berlin).
Le Kremlin, sur lequel les regards occidentaux sont braqués feignait l’ignorance et le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, avait le culot de déclarer : «Je vous demande pardon, Navalny a été arrêté… en Allemagne? Je ne suis pas au courant». A Pompeo et à Sullivan, la porte-parole du ministre des Affaires étrangères russe Maria Zakharova répondait : « occupez-vous des problèmes de votre pays ».
Lundi matin, le commissariat se transformait en tribunal et un juge ordonnait l’incarcération jusqu’au 15 février. Alexei Navalny dénonçait « une parodie de justice » dans « l’illégalité la plus totale ». Visant Poutine, il ironisait sur « pépé dans son bunker ».
Aujourd’hui, le Kremlin a fait savoir qu’il ignorerait les appels lancés par l’Occident. « Nous entendons ces déclarations mais nous ne pouvons pas et ne prévoyons pas d’en tenir compte », a dit Dmitri Peskov lors d’une conférence de presse téléphonique. « Il s’agit d’un citoyen russe ne respectant pas la loi russe. C’est un sujet absolument intérieur et nous ne permettrons à personne de s’immiscer ».
Le Kremlin répète qu’il ne craint pas Navalny, mais il s’acharne. Demain il comparaîtra suite à la plainte pour diffamation d’un ancien combattant de la Seconde Guerre mondiale. Il risque une lourde amende et jusqu’à cinq ans de prison. Le 2 février, il sera jugé pour ne pas avoir pointé auprès de l’administration pénitentiaire dans le cadre de sa condamnation en 2014, motif pour lequel il a été arrêté dimanche. Il était hospitalisé à Berlin…
En attendant, l’opposant pourra profiter de sa cellule avec bouilloire, réfrigérateur et télévision et déguster les produits alimentaires que sa famille a le doit de lui apporter.