ETHIOPIE – La désescalade amorcée au Tigré, dans le nord du pays, précédait-elle l’ouverture d’un autre front pour le premier ministre, Abiy Ahmed ? En Oromia, la plus grande région du pays, les signaux d’une offensive contre les rebelles de l’Armée de libération oromo (ALO) se sont multipliés ces derniers jours. Les soldats fédéraux à la tête des « command posts », ces administrations militaires temporaires où règne la loi martiale, annonçaient début avril l’imminence d’une opération d’ampleur pour déloger les insurgés de différentes poches de l’ouest et du sud de la région. Selon plusieurs sources locales basées en Oromia, l’armée, épaulée par les forces régionales des provinces voisines, a effectivement commencé à se déployer massivement. Elle compte y mener « une campagne soutenue pour définitivement annihiler le groupe terroriste » de l’ALO, affirmait le 10 avril la télévision d’Etat ETV. Ces dernières années, de nombreux « qeerroos » (« jeunesse », en langue afaan oromo), réclamant une plus grande autonomie pour leur région, sont venus grossir les rangs de l’ALO. Pour les combattre, des « command posts » ont été établis dans l’ouest et le sud de la région. Quatre ans après, ils sont toujours là.
SOMALIE – Le groupe islamiste shebab a revendiqué l’attaque qui a visé le Parlement somalien, ce lundi 18 avril, au moment où les députés tentaient d’achever un processus de votes pour désigner un nouveau Président. En pleine session parlementaire qui passait en direct à la télévision, des tirs de mortier ont été entendus, dans la capitale Mogadiscio. Aucun élu n’a été touché par ces tirs. Par contre, les éclats d’obus qui ont atterri dans l’aéroport, non loin du Parlement, ont fait de nombreux blessés. Sous couvert d’anonymat, un responsable sécuritaire a confié à l’AFP ne pas avoir encore de détails, mais que « ces explosions ont été causées par des tirs de mortier, les députés étaient à l’intérieur du bâtiment lorsque l’incident s’est produit, ils sont sains et saufs ».
Les députés devaient retenir des dates d’élection des présidents des deux chambres, pour ensuite s’atteler à achever le processus visant à élire un nouveau chef d’Etat. La chambre haute votera le 26 avril et la chambre basse le jour suivant pour désigner leurs dirigeants respectifs, ont indiqué des officiels. Cette attaque intervient après celle du 24 mars dernier, contre l’aéroport de Mogadiscio, ayant coûté la vie à trois personnes.
INSOLITE – Une entreprise américaine a annoncé lundi son intention de faire appel d’une décision judiciaire qui a octroyé 450 000 dollars à l’un de ses employés, licencié peu après avoir fait une crise de panique à cause d’une fête d’anniversaire organisée contre sa volonté.
Kevin Berling, qui dit souffrir d’anxiété, avait prévenu sa supérieure à Gravity Diagnostics qu’il ne souhaitait pas célébrer cette journée, expliquant qu’elle lui rappelait de mauvais souvenirs liés au divorce de ses parents, selon des documents judiciaires.
Mais le 7 août 2019, au moment de la pause déjeuner, il s’était vu souhaiter « bon anniversaire » par certains collègues et avait découvert une banderole déployée pour l’occasion dans la salle de repos de l’entreprise, située dans le Kentucky (centre-est). Il s’était alors rendu dans sa voiture, dans laquelle il affirme avoir eu une crise de panique.
Le lendemain, lors d’une réunion en petit comité, Kévin Berling s’était « emporté, serrant les poings et les dents, le visage rouge et en tremblant », demandant à sa cheffe de « se taire », a décrit John Maley, avocat de Gravity Diagnostics, dans un e-mail à l’AFP.
La supérieure et l’autre employé présent ont « craint pour leur sécurité », a-t-il ajouté, ce qui a poussé l’entreprise à licencier Kevin Berling. Avant l’incident, ce dernier n’avait jamais été sanctionné ou réprimandé pour son comportement.
Contestant son renvoi, l’employé avait attaqué Gravity Diagnostics en justice pour « discrimination en raison d’un handicap », obtenant fin mars 450 000 dollars de réparation, dont 150 000 pour la perte de revenus et 300 000 pour l’humiliation, la perte d’estime de soi et la souffrance engendrée. La firme, qui réfute toute discrimination et dit ne pas avoir été informée des problèmes d’anxiété du salarié, envisage de faire appel, selon Kévin Maley. « Les employeurs, particulièrement en cette période de violence sur le lieu de travail, ont le droit et doivent prendre des mesures rapides, comme ici, pour protéger leurs employés », a-t-il déclaré.
AFGHANISTAN – Trois explosions ont frappé ce mardi une école pour garçons d’un quartier de Kaboul largement peuplé par des membres de la minorité chiite hazara, faisant des victimes, a annoncé la police afghane. Ces explosions sont survenues à l’école Abdul Rahim Shahid du quartier de Dasht-e-Barchi, dans l’ouest de la capitale, et « ont causé des victimes parmi nos frères chiites », a indiqué sur Twitter le porte-parole de la police de Kaboul, Khalid Zadran, sans donner plus de détails.
Les déflagrations se sont produites au moment où les élèves sortaient de classe en milieu de matinée, a raconté à l’AFP un témoin, qui a requis l’anonymat.
La sécurité dans le pays s’est améliorée depuis la prise de pouvoir des talibans en août et le retrait des troupes américaines d’Afghanistan, après 20 ans d’une guerre d’usure contre leur présence militaire. Des attaques, essentiellement revendiquées par l’Etat islamique-Khorasan (EI-K), la branche régionale du groupe Etat islamique, surviennent toutefois encore régulièrement dans le pays. Dasht-e-Barchi abrite de nombreux membres de la minorité hazara, marginalisée depuis des siècles et régulièrement persécutée dans ce pays à majorité sunnite.
ETATS-UNIS – Une juge américaine a déclaré lundi illégale l’obligation fédérale du port d’un masque sanitaire dans les transports publics aux Etats-Unis, une mesure âprement combattue devant les tribunaux. La magistrate, Kathryn Kimball Mizelle, qui siège à Tampa en Floride, a estimé dans sa décision que les Centres américains de prévention et de lutte contre les maladies (CDC), la principale agence sanitaire fédérale, avaient outrepassé leurs prérogatives en imposant cette obligation, qui s’applique notamment aux avions, aux trains, aux métros et aux autocars.
L’administration de Joe Biden s’est récemment retrouvée sous une pression croissante pour assouplir ou annuler cette mesure. Une vingtaine d’Etats dirigés par les républicains et plusieurs grandes compagnies aériennes ont notamment demandé la fin du masque obligatoire dans les avions et autres transports publics. Mais la semaine dernière, les autorités fédérales avaient finalement pris la décision de prolonger l’obligation du port du masque au moins jusqu’au 3 mai.
La porte-parole de la Maison Blanche, Jen Psaki, a affirmé que la décision était « décevante », en notant que « les CDC continuent de recommander le port d’un masque dans les transports publics ».
CHINE – La situation ne s’améliore pas à Shanghai. La capitale économique de la Chine, confinée depuis le début du mois, annonce ce mardi sept nouveaux morts du Covid-19, selon le dernier bilan en 24 heures. Ces décès portent à dix le total de morts sur place depuis le début du confinement. Les sept personnes décédées au cours des dernières 24 heures étaient âgées de 60 à 101 ans et souffraient de maladies préexistantes, selon la mairie. La mairie a fait état des trois premiers morts lundi, un bilan étonnamment léger dans une ville qui dénombre chaque jour 20 000 nouveaux cas de contamination.
ÎLES SALOMON – La Chine a annoncé, ce mardi 19 avril, avoir signé avec les îles Salomon un vaste accord de sécurité, au moment où plusieurs pays occidentaux, Etats-Unis en tête, prêtent à Pékin des ambitions militaires dans le Pacifique. L’accord a été signé par le ministre des affaires étrangères chinois, Wang Yi, et son homologue des îles Salomon, Jeremiah Manele. Aucun détail n’a été donné sur le lieu ou la date exacte de la signature.
L’ambassade de Chine et des responsables des îles Salomon avaient précédemment signé une lettre d’intention prévoyant l’envoi de policiers et de militaires chinois, selon les besoins, pour protéger les infrastructures et l’ordre social, mais l’accord n’avait pas été ratifié par les gouvernements. En mars, une version préliminaire de l’accord avait fuité. Le document avait alors provoqué une onde de choc, car il comprenait des propositions autorisant des déploiements sécuritaires et navals chinois dans l’archipel du Pacifique.
Les îles Salomon ont été secouées à la fin de 2021 par des émeutes meurtrières alimentées par le ressentiment d’une partie de la population contre l’influence grandissante de la Chine. Des commerces détenus par des Chinois avaient été vandalisés et incendiés à Honiara, la capitale de cet archipel du Pacifique Sud. La Chine avait été l’un des acteurs de la région à déployer aux îles Salomon des forces de maintien de la paix à la demande du gouvernement. Pékin, qui avait envoyé instructeurs de police et matériel antiémeute, cherchait depuis à renforcer son dispositif de protection sur l’île. Washington envoie des émissaires pour s’enquérir de la situation et contrer les ambitions de Pékin.
AUSTRALIE – Un paquebot de croisière a accosté ce lundi 18 avril 2022 dans le port de Sydney (Australie) pour la première fois depuis plus de deux ans, après la levée d’une interdiction destinée à lutter contre la pandémie de coronavirus.
Le Pacific Explorer, qui arborait une immense bannière « Nous sommes de retour chez nous » a fait une entrée remarquée sous un soleil radieux, entouré de remorqueurs projetant des panaches d’eau. La foule s’est rassemblée sur le pont du port de Sydney pour assister à l’arrivée de ce navire, qui a parcouru quelque 18 000 kilomètres, en près d’un mois, pour regagner l’Australie.
Les navires de croisière internationaux ont été interdits dans les eaux australiennes en mars 2020 après qu’un foyer épidémique à bord du Ruby Princess , un autre bateau de croisière, s’est propagé à travers le territoire australien, certains passagers étant porteurs du virus. Cela avait entraîné des centaines de cas de Covid-19 et le décès de 28 personnes. Le Pacific Explorer et autres paquebots de croisière appartenant à P & O ont été amarrés au large de Chypre pendant une grande partie de l’année dernière, dans l’attente d’une levée de cette interdiction.
ARGENTINE – Le gouvernement argentin a annoncé lundi la création d’un fonds alimenté par les «bénéfices inattendus» tirés de la guerre en Ukraine par certains secteurs, tels l’agroalimentaire, pour amortir le choc inflationniste pour les plus vulnérables. «Nous voulons bâtir un mécanisme pour garantir que le choc de la guerre n’ait pas un effet régressif sur notre société, produisant des inégalités», a déclaré le ministre de l’Économie Martin Guzman depuis la présidence, aux côtés du chef de l’État, le péroniste (centre gauche) Alberto Fernandez. «Dans les semaines à venir, nous allons convoquer les forces productives pour travailler à la mise en place de ce mécanisme», a déclaré Martin Guzman, qui entend présenter dans la foulée un projet de loi sur ces «bénéfices inattendus produits de la guerre». Le ministre n’a pas cité de secteurs en particulier, mais le secteur céréalier (maïs, blé), dont les prix sont à la hausse, est un gros exportateur argentin, et le soja (farine et huile) représente près de 30% des exportations. A priori, seules les entreprises ayant réalisé des bénéfices nets annuels supérieurs à 1 milliard de pesos, soit 8,5 millions de dollars, alimenteront le fonds. Mais aussi celles qui l’an passé ont enregistré une hausse significative de leurs bénéfices y contribueront. En revanche, celles qui auraient réinvesti leurs bénéfices dans la production en seront partiellement exemptes.
CHILI – « Chile Apoya », « Le Chili apporte son soutien ». Tel est le nom du plan de relance grâce auquel le président Gabriel Boric espère redresser l’économie en difficulté du Chili. Il s’agit d’« un point de départ », a-t-il déclaré jeudi 7 avril, lors de la présentation d’un paquet de mesures évalué à 3,7 milliards de dollars (3,4 milliards d’euros) et présenté, dans son libellé, comme un projet « inclusif » : « Nous ferons face à la hausse du coût de la vie. Nous encouragerons la création d’emplois et d’aides pour les secteurs relégués. Nous soutiendrons ceux qui ont abandonné le marché du travail pour effectuer des tâches liées aux soins des personnes et renverser les difficultés que nous a laissées la pandémie. » Le plan est divisé en trois parties : 36 % du budget dégagé est dévolu à une aide sociale aux foyers, plus d’un quart à un coup de pouce aux petites et moyennes entreprises, et le reste à la création d’emplois. Ainsi, 500 000 postes devraient voir le jour, avec l’accent mis sur l’emploi féminin, davantage impacté par la pandémie de Covid-19.
UE MIGRANTS – Les franchissements illégaux des frontières extérieures de l’Union européenne par des migrants ont fortement augmenté au premier trimestre 2022, atteignant leur niveau le plus haut depuis 2016, selon des chiffres publiés mardi par l’Agence européenne Frontex.
Plus de 40.300 franchissements illégaux ont été détectés de janvier à mars, en hausse de 57% par rapport à la même période de 2021, selon les chiffres préliminaires de l’agence des garde-frontières et garde-côtes. Ces traversées irrégulières avaient atteint 284.525 au 1er trimestre 2016, dans la foulée de la crise migratoire de 2015. Pour le mois de mars 2022, ils ont augmenté de 29% (près de 11.700) par rapport à mars 2021, souligne l’agence, précisant qu’un franchissement peut être effectué à plusieurs reprises par une même personne.
Pour la zone de Méditerranée orientale, ils ont plus que doublé (+ 132%, plus de 7.000) par rapport au 1er trimestre 2021, en particulier via Chypre où Frontex fait état d’un triplement (plus de 5.100) au cours des trois premiers mois par rapport au 1er trimestre de l’année passée. La route des Balkans occidentaux représente près de la moitié des franchissements irréguliers avec une hausse de 115% (plus de 18.300 avec un triplement en mars à 6.650). Celle d’Afrique occidentale a connu une augmentation de 70% (environ 5.850).
Le nombre irrégulier de migrants qui ont tenté de franchir la Manche vers l’Angleterre au 1er trimestre a triplé par rapport à la même période de 2021: environ 8.900, en hausse de 190%. La moitié a été empêchée de tenter la traversée et l’autre a été secourue en mer. Pour les frontières terrestres du flanc oriental de l’UE, les franchissements illégaux ont été multipliés par huit pour s’élever à plus de 950, essentiellement en mars (plus de 600) après le déclenchement de l’offensive russe en Ukraine en raison des personnes fuyant la guerre qui ne sont pas passées par les postes-frontières réguliers, selon Frontex. « La vaste majorité des Ukrainiens est entrée légalement » dans l’UE, souligne l’agence.
HONG KONG – Un habitant de Hong Kong a été condamné ce mardi à près de quinze ans de prison pour avoir mordu l’oreille d’un militant pro-démocratie. Il avait aussi attaqué trois personnes lors des grandes manifestations qui ont secoué le territoire en 2019. Cette peine d’emprisonnement est la plus longue prononcée à ce jour dans le cadre de ce mouvement de contestation. La juge de la Cour suprême Judianna Barnes a déclaré que le fait que Joe Chen ait arraché une partie de l’oreille du militant pro-démocratie Andrew Chiu était un acte « très barbare » qui défiait tout entendement. En décembre, un jury avait déclaré le prévenu coupable de trois chefs d’inculpation, parmi lesquels celui de blessures volontaires, une infraction passible d’une peine de prison à vie.
M. Chen, 52 ans, avait crié « Récupérez Taïwan » devant un centre commercial de la ville, en novembre 2019. Pékin revendique l’île démocratique autonome comme faisant partie de son territoire et a juré de la reprendre un jour, par la force si nécessaire. Après avoir entonné l’hymne national chinois, M. Chen s’était attaqué à un homme et deux femmes avec un couteau, après que ces derniers lui ont demandé pourquoi il venait de crier ceci. Une partie de l’oreille gauche d’Andrew Chiu, conseiller de district à l’époque, avait été arrachée quand il s’était interposé pour essayer de retenir M. Chen. M. Chiu fait partie des dizaines de militants pro-démocratie arrêtés et placés en détention pour avoir enfreint la drastique loi sur la sécurité nationale imposée par Pékin afin de réprimer toute dissidence à Hong Kong.
FRANCE – Le tribunal judiciaire de Paris a infligé ce mardi une amende de 375.000 euros, le maximum prévu, à Deliveroo France jugée pour « travail dissimulé », lors d’un premier procès pénal en France de « l’ubérisation » avec comme enjeu le véritable statut de ses livreurs. Le tribunal a suivi intégralement les réquisitions du parquet qui, lors du procès le mois dernier, avait demandé la peine maximale de 375.000 euros d’amende à l’encontre de la plateforme, ainsi qu’un an de prison avec sursis contre deux anciens dirigeants français de l’entreprise. « Le délit de travail dissimulé » est établi, a affirmé la présidente du tribunal en annonçant la décision.
Un porte-parole de Deliveroo a indiqué que la plateforme « envisageait » de faire appel.
Deliveroo a été condamné en outre à verser 50.000 euros de dommages et intérêts à chacun des cinq syndicats qui s’étaient portés parties civiles pour « préjudice moral ». Les deux dirigeants ayant officié entre 2015 et 2017 ont également été déclarés coupables de « travail dissimulé ». Un troisième cadre a été jugé coupable de complicité de travail dissimulé et écope d’une peine de quatre mois de prison avec sursis et 10.000 euros d’amende.