Oui, comme le dit le ministre russe des Affaires étrangères, le danger d’une troisième guerre mondiale est réel et il ne faut pas le sous-estimer. Toutefois, si l’on fait le point de la situation après deux mois de conflit, on a la nette impression que Serguei Lavrov et son pays sont sur la défensive, pas en capacité de risquer cette guerre mondiale ou alors ce serait une forme de suicide de la Russie qui dans une folie désespérée appuierait sur le bouton nucléaire.
Avant même l’invasion, les Etats-Unis avaient pris soin d’affirmer qu’ils n’iraient pas faire la guerre en Ukraine et, avec les Européens, ils font tout pour ne pas apparaître comme co-belligérants. Mais ils ne cessent d’augmenter leur aide militaire à l’armée ukrainienne qui s’est révélée plus solide que prévue alors que la Russe que l’on voyait forte est en grande difficulté. Même Poutine est surpris par sa faiblesse, son inorganisation, l’inefficience de son commandement, l’obsolescence de son matériel. Si l’on se fie aux relevés du site spécialisé Oryx, la Russie aurait perdu, à la date du 24 avril, 543 chars contre 134 pour l’Ukraine, 576 véhicules de combat contre 93, 102 transports de troupes contre 53, 24 avions contre 19, 36 hélicoptères contre 5… En deux mois, les forces ukrainiennes ont détruit deux ans de production de chars russes.
Il n’existe à ce jour aucun signe d’extension du conflit et il ne semble pas que la Russie ait les moyens de l’internationaliser. Elle est esseulée et ébranlée alors que l’Occident, « le monde libre » s’engage à fournir davantage d’armement à Volodymyr Zelensky. L’Ukraine peut gagner, affirme le secrétaire à la Défense américain qui veut voir « la Russie affaiblie à un degré tel qu’elle ne puisse plus faire le même genre de choses que l’invasion de l’Ukraine ». Certes, le pays de Poutine garde les moyens de raser une ville, de tuer des civils, de faire mal mais, face aux forces de l’Otan, le déséquilibre serait largement en sa défaveur.Sergueï Lavrov en est conscient quand, après avoir menacé, il ajoute que « tout va bien sûr finir par la signature d’un accord ». « Mais les modalités de cet accord dépendront de la situation des combats sur le terrain, au moment où cet accord deviendra une réalité ». On en revient aux buts de guerre de Poutine qui ne négociera que le jour où il estimera avoir remporté une victoire. En attendant, il menace, il intimide, il tente de diviser, de dissuader. L’Otan qu’il a malgré lui ressuscité, l’Europe qu’il a unie ne se laissent plus faire, n’ont plus peur de l’ours aux griffes usées.