Les derniers incendies qui ont ravagé plusieurs milliers d’hectares de nos forêts, outre le fait que cela constitue un drame national qui sera difficile à dépasser, donnent encore une fois la preuve de la marginalisation dans laquelle sont tenues ces régions et les difficiles rapports que les citoyens tunisiens entretiennent avec cette partie importante de leur territoire national.
Cette marginalisation qui date de l’époque coloniale n’a pas été levée après l’Indépendance. L’administration aussi bien sous le régime de Bourguiba que de Ben Ali et même après la Révolution , s’est contentée de gérer d’une façon très approximative et hasardeuse cette richesse naturelle que constituent nos forêts de montage, de contentant de surveiller les populations et négligeant ces habitats naturels pour bien des espèces.
Certes le pays dispose de 17 parcs nationaux, 27 réserves naturelles, 4 réserves de faune, 38 zones humides d’importance internationale 1m de carré d’hectares de forêts. Mais combien de tunisiens connaissent cette richesse? S’y rendent? Et en apprécient les variétés?
En fait il y a une véritable coupure entre ce patrimoine et les Tunisiens.
Cette coupure se manifeste dans l’absence d’une culture environnementale , d’un manque flagrant de sensibilisation à la faune et à la flore des jeunes et moins jeunes, d’une absence d’activité de mise en valeur de es richesses naturelles.
Conséquence: une ignorance quasi- totale de la diversité de nos espèces animalières, ignorance que confirme le ministère de l’environnement en 2015 lors de l’élaboration d’un registre national des espèces sauvages (REGNES) en Tunisie, projet abandonné en route sans que l’on sache pourquoi ni comment.
Ce rapport d’étranger que le tunisien entretient avec sa forêt est apparu à son paroxysme à l’occasion malheureuse des derniers incendies, que ce soit dans la région de Boukarnine ou à Jebel Serj, ou encore à Bargou. Hormis des lamentations et d’échanges de photos plus sensationnelles les unes que les autres entre utilisateurs de réseaux sociaux, aucun mouvement sérieux n’a pris forme à l’occasion de ce drame, pour évaluer les dégâts ou apporter secours et assistance aux animaux.
En fait les tunisiens ont assisté à ces incendies avec sans doute émotion et tristesse mais comme si ces feux se passaient dans d’autres pays, sur des territoires lointains. Et ce, parce que le tunisien n’a jamais réussi à s’approprier ses forets qui constituent pourtant aujourd’hui les poumons du pays.
Il faut sans tarder, commencer, par l’éducation, la sensibilisation, l’information à créer cette culture de la foret qui nous fait tant défaut.