Une visite « excellente et réussie », “un partenariat renouvelé”, une « dynamique irréversible » : il y a une semaine, Emmanuel Macron quittait Alger au terme de trois jours d’entretiens et de rencontres, « périlleux » disait-on mais finalement apaisant et profitables. Pensez, on s’attend à ce que l’ancienne colonie fournisse 50% de gaz en plus. Formidable au moment où la Russie se coupe du monde et souffle chaud et le froid sur ses livraisons de gaz à l’Europe.
Cependant, on sait que l’on ne pourra juger le niveau des relations franco-algérienne que sur du concret. Et à Paris, la droite comme des économistes ne voient pas vraiment la réussite. Les sujets qui fâchent ont été évités : les deux parties ont simplement promis de réfléchir sur les visas, l’immigration régulière et clandestine, la réadmission des délinquants expulsables. Ces critiques constatent que la gap mémoriel est loin d’être comblé et doutent que la future commission d’historiens réussira à écrire une histoire acceptée des deux côtés de la Méditerranée. Le philosophe Michel Onfray affirme qu’ «il y a un problème avec l’Algérie car on les laisse tenir un discours fautif. On sait très bien que ce pays nous déteste depuis 1962. Si ça se passe mal en Algérie, c’est parce qu’il y a une mafia». Pour le porte-parole du Rassemblement national, le voyage a été « celui de l’humiliation pour la France, Emmanuel Macron est allé s’agenouiller devant l’Algérie » et des historiens, notamment sur la question des immigrés algériens.
Y a-t-il une vérité historique ? La guerre culturelle continue, estime certains à Paris qui affirment que pour Alger, tous les torts sont français. Un regard croisé est-il possible ? Toutes les archives seront-elles ouvertes ? Les algériennes sont fermées, 5% des françaises aussi.
Ecrire une histoire commune, c’est reconnaître les fautes, les crimes des deux côtés. Ce n’est pas gagné, mais on s’est donné du temps. Les réticences restent plus fortes à Alger qu’à Paris.