Pour une fois, Moscou et Washington sont d’accord : les explosions sur les gazoducs Nord Stream 1 et 2 sont des sabotages, mais, évidemment, il s’accusent mutuellement d’en être responsables et jugent « ridicule » d’être soupçonné… Grâce aux satellites, aux moyens de détection (…) on espère que l’on approchera bientôt de la vérité sur ce qui pourrait se révéler un avertissement si, comme l’Occident le pense, Moscou est coupable. « Pas de bluff » a juré Poutine prêt à employer tous les moyens à sa disposition pour défendre sa Russie qu’il voit attaquée par tout l’Occident. En ordonnant le sabotage des gazoducs, il dirait : comprenez-bien, vous qui me menacez, que je suis capable de couper vos câbles internet, vos réseaux de communication.
Quoi qu’il en soit, le président russe humilié par les revers de son armée incapable de résister aux contre-offensives ukrainiennes, est aux abois, obligé de décréter une mobilisation qui se passe mal et d’organiser des référendums en vue d’annexion de territoires ukrainiens. Le mythe de l’opération spéciale a vécu et Poutine, qui s’obstine, va vers une guerre qu’il qualifiera de défensive, de protection de la terre russe. Et il envoie au combat des hommes, pratiquement raflés, sans formation ni équipement. On a pu entendre, voir sur une chaîne de télévision une officier dire aux réservistes mobilisés qu’ils devraient emporter leur sacs de couchage, leurs médicament contre la diarrhée parce que l’armée n’en avait pas et aussi demander à leurs femmes ou copines des tampons périodiques afin d’arrêter le saignement provoqué par une blessure par balle et des serviettes hygiéniques pour servir de semelles !
Avec cette mobilisation qui alerte les Russes sur la situation réelle cachée depuis le 24 février, Poutine a rompu le pacte social conclu avec eux dès son arrivée au pouvoir : ne vous mêlez pas de politique et je vous donnerez stabilité et prospérité. Tout serait en train de changer et la société se fracturerait. Poutine a fissuré son régime…
Et la question, sans réponse depuis le 24 février, se repose : jusqu’où Poutine ira-t-il ? Tous les spécialistes de la Russie sont d’accord pour dire : on ne sait pas. Certains évoquent 1904, la guerre avec le Japon qui a amené la révolution de 1905 ; ou les défaites de la Première Guerre mondiale, une des causes de la révolution de 1917 ; ou encore la révolte des mères lors de la guerre d’Afghanistan qui a contribué à la chute de l’URSS. Elles sont toujours là ces mères révoltées, leur « cheffe » Valentina Melnikova a 76 ans mais se bat activement pour la paix et les droits de l’homme.
Poutine craindrait ces mères de soldats au moins autant que les « durs » qui l’entourent…