Aucun pays qui respecte un tant soit peu sa Justice n’aurait tenu un tel procès, mais à Moscou, la juge de Navalny, Natalia Repnikova, obéissait au pouvoir qui avait déjà condamné l’opposant. Ce soir, au terme d’un parodie de procès, il a été condamné à trois ans et demi de prison pour avoir violé les conditions de sa libération fixées lors de sa condamnation avec sursis en 2014, pour détournement de fonds, une peine normalement exécutée et donc éteinte depuis plus de trois ans… Ubuesque. La justice reprochait à Navalny de ne pas avoir contacté ses officiers de probation, dont les coordonnées figurent sur le site des services pénitentiaires, alors qu’il donnait des interviews à la presse. Il était à Berlin après la tentative d’empoisonnement par les agents du FSB et le monde entier le savait, y compris Poutine qui parlait du « patient de Berlin ». Toutes les pièces présentées par la défense attestant des soins reçus à l’hôpital de la Charité ont été rejetées par l’accusation car « incomplètes ». Que pouvait-il donc manquer?
Qui a été vraiment jugé? Navalny ou Poutine? L’opposant dont le monde entier suit maintenant les galères, a profité de l’audience pour accabler le maître du Kremlin, « un fonctionnaire nommé par hasard qui doit tuer pour rester au pouvoir ». Sur les vitres de cage, moqueur, il a dessiné le château de Poutine. Et devant les représentants d’une vingtaine de pays, dont les Etats-Unis et l’Union européenne, il a chargé le président russe et son régime: « Le plus important dans ce procès est de faire peur à une quantité énorme de gens. On en emprisonne un pour faire peur à des millions. Vous ne pourrez pas emprisonner tout le pays ! » Il fera appel.
Devant le tribunal, quelques centaines de personnes venues soutenir Navalny ont été arrêtées. L’opposant a appelé à des manifestations.