La situation « se complique » reconnaît le président ukrainien qui a déploré des bombardements massifs russes dans les régions de Donetsk et de Zaporijia. Il demande à ses soldats de résister et à tous les Ukrainiens de faire preuve de résilience.
Aux Etats-Unis, l’Institute For the Study of War (ISF) croit savoir que Vladimir Poutine a ordonné à Valeri Guerassimov que les troupes de Moscou contrôlent totalement les oblasts de Donetsk et de Lougansk d’ici au mois de mars, avant le printemps. Le frère du maire de Kiev dénonce les hordes de soldats-zombies qui déferlent, la chair à canon… Et de Volodymyr Zelensky jusqu’au simple soldat, tous les Ukrainiens réclament chaque jour des armes pour se défendre, repousser l’ennemi et gagner.
Petit à petit, Américains et Européens répondent aux demandes et franchissent les « lignes rouges » supposées du Kremlin et qu’ils s’étaient imposées pour éviter toute escalade. Cette fois, on y est avec la décision d’envoyer des blindés lourds et légers ainsi que des missiles d’une portée de plus de 100 ou 150 kilomètres. Cependant, affirme le chancelier allemand Olaf Scholz, il y a consensus pour ne pas frapper la Russie.
Les premiers chars sont partis vers le champ de bataille, mais ils n’arriveront pas en nombre significatif avant de longues semaines, des mois et il faut former les équipages. Pareil pour les nouveaux missiles et les nouveaux systèmes sol-air comme le Mamba franco-italien. Dès lors, la question se pose de savoir si ce n’est pas trop tard ? Des militaires l’affirment et avancent qu’ils ne participeront pas à l’offensive de printemps que Kiev préparerait.
D’ailleurs, le journal suisse Neue Zurcher Zeitung écrit que le directeur de la CIA, Williams Burns a proposé le mois dernier à Moscou la paix en échange d’environ 20% du territoire ukrainien. L’Ukraine a refusé le plan « parce qu’elle ne veut pas que son territoire soit divisé », tandis que Moscou a déclaré qu’elle « gagnera de toute façon la guerre à long terme », poursuit le journal. La Maison Blanche a démenti, mais le NZZ affirme que ce sont ces refus qui ont poussé Joe Biden à accepter de livrer des chars Abrams. Et demain des avions ? Et encore avec un temps de retard sur les événements ?
L’armée ukrainienne fait preuve de courage et même de génie, mais dans cette guerre qui pourrait bien durer encore longtemps, des années, aura-t-elle les moyens de tenir, de vaincre ? Sans l’aide continue et accrue de ses alliés, difficile de répondre positivement.
Le magazine britannique « The Spectator » du 4 février pose la question « Comment ça va finir ? » et remarque que Volodymyr Zelensky « se retrouve coincé entre d’un côté sa promesse de libérer l’intégralité du pays – ce qui lui vaut une cote de popularité immense – et de l’autre les décisions de ses alliés occidentaux. » Le magazine en arrive à une terrible constatation : « “Même avec le scénario optimiste qui envisage que les Russes soient refoulés jusqu’aux frontières d’avant l’invasion, l’Ukraine serait encore démembrée, et Poutine probablement toujours au pouvoir. C’est tragique, mais si l’on envisage cette guerre avec réalisme, quel qu’en soit le résultat, les Ukrainiens ne pourront que crier à la trahison. Mais si toutes les autres options nous mènent à la troisième guerre mondiale, trahir les Ukrainiens serait peut-être la moins terrible des solutions.”
L’avenir de l’Ukraine dépend du soutien occidental. Jusqu’où ira-t-il ? Combien de temps durera-t-il? L’arrêter, le diminuer serait affaiblir l’Europe, décrédibiliser les Etats-Unis et donc renforcer la Chine… Permettre la victoire de la Russie serait lui donner une sorte d’immunité. Sergueï Lavrov ne vient-il pas de déclarer que la Moldavie pourrait être la prochaine Ukraine » ?