La Russie va bien malgré toutes les sanctions et l’occident ment, répète Vladimir Poutine qui, il y a un an, lançait ses troupes à l’assaut de l’Ukraine. Une campagne de quelques jours allait chasser les nazis et le comédien Zelensky. Deux jours plus tard, sinon le soir même, c’en était fini de cette certitude d’une victoire rapide : après des combats acharnés dont on ne sait pas tout, ses IL-76 renonçaient à se poser sur la base d’Hostomel, ses forces spéciales n’allaient pas s’ « emparer » de Kiev. Hostomel, symbole de la résistance ukrainienne, du début de la défaite russe.
Peu à peu, Vladimir Poutine allait modifier son narratif. Ne pouvant reconnaître, admettre que ces Ukrainiens qui n’existent pas, mettaient la grande Russie éternelle en échec, il affirme se défendre contre l’Occident, l’Otan qui a pris les Ukrainiens en otages. Il défend une terre russe.
S’il avait prévu l’invasion de longue date, et même anticipé les sanctions, se doutait-il qu’en durant au lieu de se terminer en quelques jours, il allait modifier les équilibres mondiaux. Fini le monde bipolaire, place à un monde multipolaire. Plus de non alignement, mais, comme le théorise l’Inde, un multi alignement. Certes, une telle évolution était en marche, mais elle s’est accélérée.
Tous les reproches, toute la rancœur du « sud global » contre l’impérialisme américain sont remontés à la surface, l’Afrique, avec sa jeunesse, s’est souvenue du colonialisme et a revendiqué avec raison qu’on la traite d’égal à égal. Le refus partout des deux poids, deux mesures…
La Russie fauteur de guerre n’est pas pour autant isolée car ce « sud global » refuse donc de s’engager et tient à avoir un pied dans chaque camp selon ses intérêts. Ainsi l’Afrique du Sud qui mène des exercices militaires avec la Russie et la Chine, mais a besoin de bonnes relations économiques avec l’Occident. Pareil en fait pour Pékin qui veut s’imposer comme chef de file d’un nouvel ordre mondial, d’une nouvelle vision de l’organisation du monde, mais doit rester prudent.
La Chine a, en effet, besoin de commercer avec les Etats-Unis et l’Europe pour progresser, avancer et atteindre son objectif de devenir la première puissance mondiale. Une guerre, surtout si elle dure, ne l’arrange pas. Et si elle se rapproche de la Russie, elle défend l’intégrité territoriale de l’Ukraine et propose sa vision pour « le règlement politique » du conflit. Pékin en arbitre, en médiateur ?
Il y a un an, Poutine croyait réussir son coup en trois, quatre jours et n’entrainer que des réactions verbales. Aujourd’hui, une nouvelle guerre froide s’est installée : l’ordre libéral contre l’ordre autoritaire. L’impérialisme, naguère américain est russe, chinois, voire turc… Et la Russie de Poutine qui malgré les dénégations du Kremlin, va mal, risque d’être vassalisée par la Chine.
Les mutations sont toujours en cours…