Les propos du Président Kais Saied à l’égard des migrants, aussi surprenants qu’aberrants, ont provoqué un remous retentissant dans bien des secteurs. Les unes des médias locaux, comme internationaux où les invectives de Saied sont reprises, ne se comptent plus, une publicité « originale » pour le pays…
En effet Kais Saied a, rappelons le, évoqué la théorie du « grand remplacement » sauce subsaharienne lors du Conseil national de sécurité , mardi 21 février.
Des propos condamnés notamment par l’Union Africaine dans un communiqué mais également par les ONG locales telles que l’Observatoire tunisien des droits de l’Homme, Mnemty… Qui conjointement à 18 autres associations, dont la Ligue Tunisienne des droits de l’Homme (LTDH) ont exprimé leur « solidarité pleine et inconditionnelle avec les migrants subsahariens et leurs défenseurs », estimant que le discours du président Saied rappelait « l’époque des camps d’extermination nazis de la Seconde Guerre mondiale ».

Samedi, les citoyens tunisiens aussi, ont protesté à Tunis contre le racisme et un discours « fasciste » à l’égard des migrants originaires de pays d’Afrique subsaharienne. « À bas le fascisme, la Tunisie est une terre africaine », « Solidarité avec les migrants sans papiers » ou encore « Président de la honte, présente tes excuses », scandaient les protestataires. « La Tunisie passe d’un processus démocratique à un processus fasciste » ou « Non au racisme », pouvait-on lire sur les pancartes brandies par des manifestants.
Les universités tunisiennes, ont elles aussi témoigner leur soutien vis à vis des étudiants subsahariens comme la Faculté des Sciences économiques et de Gestion de Tunis (FSEGT) par le biais d’un communiqué rappelant à ses étudiants qu’aucune différence du aux origines n’est faite et qu’une cellule d’écoute a été ouverte.
De la RÉSISTANCE donc. Sauf.. chez les opposants politiques officiels, estampillés « nous sommes l’opposition! ».
Rien de la part d’Ennahdha principal parti d’opposition, pas un mot ( ou cri) de la part de Abir Moussi, et silence radio au sein du Front de Salut national… Plus étonnant encore, le parti des travailleurs et son leader historique , et dont l’idéologie de gauche ne connaît ni frontières ni différences entre les ethnies, semble s’enfermer dans un mutisme assourdissant!
Comment interpréter cette absence de protestation, que par une approbation certaine aux propos du Président?
Ce qui aurait pu être du pain bénie pour les politiques d’opposition, grâce à la mise en lumière dans les médias notamment, internationaux, sur les derniers événements dans le pays et rallier ainsi des soutiens au sein des différents organismes internationaux ( ONU, Conseil de l’Europe, FMI..) semblent étonnamment rebutants aux yeux des différents acteurs de l’opposition. Trop occupé à gérer la déferlante d’arrestations peut-être?
L’occasion n’était justement, que trop belle, pour le dénoncer!
Et si le choix de ce mutisme n’était finalement que du pur cynisme politique?
Si il y a eu une manifestation, réunissant quelques centaines de personnes, contre les mesures anti-migrants, la majorité de la population a, hélas, rallié la théorie complotiste. Tik tok, le nouveau « média » qui fait des ravages, dans tous les sens du terme, ne cesse de véhiculer des vidéos rapportant intox quand elles ne sont pas que du pur contenu raciste. Proclamation d’un État séparatiste- migrant à Bizerte, tuerie de chats par des migrants à l’ariana, sorcellerie, viols, tuerie à la machette et on en passe… Des propos repris par ailleurs par l’Ambassadeur de Tunis en RDC s’il vous plaît!
Ainsi pour plaire à cet électorat, il semble que ce qui aurait pu être la pomme de discorde entre l’opposition et le Président, risque de devenir l’hostie de la communion.