Xi Jinping et Vladimir Poutine ont eu un premier entretien « informel » ce lundi après-midi à Moscou. « Nous sommes toujours ouverts à un processus de négociation. Nous discuterons sans aucun doute de toutes ces questions, y compris de vos initiatives, que nous traitons avec respect », a déclaré M. Poutine lors de cette rencontre informelle dont le début a été retransmis à la télévision russe. « Nous avons beaucoup de tâches et d’objectifs communs », a ajouté M. Poutine en se félicitant que Pékin accorde « une grande attention au développement des relations entre la Russie et la Chine ».
Le président chinois a salué « les relations étroites » entre Moscou. « Nous sommes partenaires dans une coopération stratégique globale. C’est ce statut qui détermine qu’il doit y avoir des relations étroites entre nos pays », a-t-il déclaré.
CPI, Chine et Russie
La Chine a appelé ce lundi la Cour pénale internationale (CPI) à éviter le «deux poids deux mesures», après l’émission par cette juridiction d’un mandat d’arrêt contre le président russe Vladimir Poutine.
«La Cour pénale internationale doit adopter une position objective et impartiale, respecter l’immunité de juridiction des chefs d’État en vertu du droit international», a déclaré lundi Wang Wenbin, un porte-parole de la diplomatie chinoise, en réponse à une question sur le sujet. L’institution doit «éviter la politisation et la politique du deux poids deux mesures», a-t-il souligné devant la presse, dans une référence aux autres interventions militaires ne donnant lieu à aucun mandat d’arrêt de chef d’État.
Wang Wenbin était interrogé sur l’opportunité pour Xi Jinping de confirmer sa visite d’État en Russie malgré ce mandat d’arrêt international à l’encontre de Vladimir Poutine. «Les deux parties (…) vont pratiquer un véritable multilatéralisme, promouvoir la démocratie dans les relations internationales, construire un monde multipolaire, améliorer la gouvernance mondiale et contribuer au développement et au progrès du monde», a répondu Wang Wenbin. «La Chine maintiendra sa position objective et juste sur la crise ukrainienne et jouera un rôle constructif dans la promotion de pourparlers de paix.»
Enquête à Moscou
La Russie a annoncé ce lundi l’ouverture d’une enquête pénale contre le procureur et trois juges de la Cour pénale internationale (CPI), après l’émission par cette juridiction d’un mandat d’arrêt visant Vladimir Poutine pour la « déportation » illégale d’enfants en Ukraine.
Ces magistrats, dont le procureur de la CPI Karim Khan, « ont rendu des décisions illégales (visant à) arrêter le président de la Fédération de Russie et la commissaire aux droits des enfants », a indiqué le Comité d’enquête russe dans un communiqué. Karim Khan, le procureur de la CPI, est ainsi visé aux motifs d’avoir « engagé des poursuites pénales à l’encontre d’une personne notoirement innocente, combinée à l’accusation illégale d’avoir commis un crime grave ou particulièrement grave », ainsi que de « préparer une attaque envers un représentant d’un Etat étranger ».
2 milliards pour des munitions
L’Union européenne a approuvé lundi l’allocation de 2 milliards d’euros pour acheter et livrer des munitions d’artillerie à l’Ukraine, ont annoncé à l’AFP plusieurs sources diplomatiques européennes.
Les ministres des Affaires étrangères de l’UE ont approuvé un plan d’action en trois phases pour fournir aux forces ukrainiennes au moins un million d’obus de 155 mm et pour reconstituer les stocks stratégiques des pays de l’UE, dont certains sont proches de l’épuisement, ont précisé les représentants de cinq délégations.
Le chef de la diplomatie ukrainienne Dmytro Kouleba, qui a participé en visio-conférence à la réunion de ses homologues de l’UE, a salué l’accord.
« Plus de munitions d’artillerie pour l’Ukraine aussi vite que possible. C’était l’objectif principal du Conseil des affaires étrangères de l’UE d’aujourd’hui », a-t-il souligné dans un message sur Twitter. Cet accord va « renforcer les capacités de l’Ukraine sur le champ de bataille », a-t-il commenté.
L’accord, qui sera soumis aux dirigeants de l’UE lors de leur sommet jeudi et vendredi, répond à un appel urgent lancé le 9 mars par le président ukrainien Volodymyr Zelensky.
Un milliard d’euros sera utilisé pour rembourser aux Etats membres les munitions prélevées sur leurs stocks, au prix de 1.000 à 1.300 euros l’obus, a-t-on précisé. Un obus vaut à ce jour 4.000 euros et les prix montent. L’accord prévoit les fournitures pour le 31 mai.
Un second milliard sera utilisé pour des achats communs de munitions de 155 mm destinées à l’Ukraine. Les contrats sont prévus en septembre avec l’objectif de réduire à 6-8 mois les délais pour fournir et livrer.
Le troisième volet du plan vise à augmenter les capacités de production de la douzaine d’entreprises d’armement de l’UE pour « reconstituer les stocks des pays de l’UE et continuer à approvisionner les forces ukrainiennes ».
« Haute trahison » en Ukraine
Un ex-chef des services de sécurité ukrainiens (SBU) dans la région de Kharkiv (est) sera jugé pour «haute trahison», a annoncé lundi le bureau d’enquête national (DBR) d’Ukraine, qui accuse l’homme de sabotage au profit de Moscou au début de l’invasion russe.
Romain Doudine, 40 ans, «s’est de facto occupé d’(actions de) sabotage au lieu d’organiser» la défense de cette région, a accusé le DBR dans un communiqué sur Telegram.
«Une fois que la défense prendra connaissance de son dossier, celui-ci sera transmis au tribunal», a-t-il précisé, ajoutant que l’homme, arrêté en septembre et qui se trouve toujours en détention, risque la réclusion à perpétuité. Une grande partie de ce territoire, frontalier de la Russie, a été occupée par les troupes de Moscou depuis le début de l’invasion russe en février 2022 et jusqu’à leur retrait en septembre dernier.
M. Doudine considérait que l’offensive russe réussirait et que le pouvoir d’occupation russe tiendrait compte de ses «activités subversives», a poursuivi le DBR dans son communiqué.