Il s’est comparé au roi Salomon tranchant entre deux mères qui revendiquaient le même bébé. Lui était face « à deux parties » qui « revendiquent l’amour du pays ». « Je ne suis pas prêt à déchirer le peuple israélien en morceaux, nous n’avons pas le droit de nous battre entre frères » a-t-il affirmé avant d’annoncer qu’il n’y aurait pas dans l’immédiat de deuxième et troisième lecture de son projet de loi sur la justice, sur la limitation des pouvoirs de la Cour suprême et sa subordination au gouvernement.
Une pause, pas un retrait car Benjamin Netanyahou maintient sa réforme et accuse ses opposants : il y a « une minorité extrémiste qui est prête à déchirer notre pays, qui met le feu, prône la violence, menace les élus, alimente une guerre fratricide et appelle au refus de servir dans l’armée, un crime terrible ». Netanyahou se trompe : les violents, ceux qui, lundi soir, ont attaqué des Arabes sont les extrémistes venus en bus des colonies de Cisjordanie. Les manifestants mobilisés depuis le début de l’année se battent pour la démocratie bafouée par le Premier ministre et ses alliés.
Il parle de négociations avant la session d’été de la Knesset qui débutera vers la mi-avril, mais maintient qu’il a raison, que sa réforme est nécessaire et approuvée par une majorité. Ce qui ne semble pas le cas même si l’on note un glissement très à droite de l’électorat.
En réalité, « Bibi » lutte pour sa survie. Persuadé d’être indispensable à son pays, d’être le garant de sa sécurité, il n’a jamais admis sa mise en examen, le 21 novembre 2019, pour corruption, fraude et abus de pouvoir. Des faits documentés qu’il nie en bloc. Avant de faire marche arrière, il avait demandé début 2020 une loi lui garantissant l’immunité.
Après ses défaites électorales, il s’est allié aux ultranationalistes pour revenir au pouvoir. Il connaissait parfaitement Itamar Ben Gvir et Bezalel Smotrich pour qui il avait peu d’estime mais, prêt à tout pour échapper à la justice, il les a soutenus et promus. Aujourd’hui, comme nous l’écrivions fin décembre, il est leur otage. Un otage consentant. Dépassé alors qu’il affirmait : « Ne craignez rien, c’est moi qui décide ».
Ben Gvir a été clair : « La réforme aura lieu, personne ne nous fait peur ». Si elle n’est pas adoptée, il fera tomber le gouvernement. Sans lui, pas de coalition viable et « Bibi » se retrouve face à ses juges. L’extrémiste radical de droite a accepté la « pause » contre la promesse que sa « garde nationale » qu’il réclame verra bien le jour. Malgré les protestations de la Cour suprême, il a déjà obtenu de contrôler la police en tant que ministre de la Sécurité nationale. Et sa garde nationale ressemblera à une milice privée.
Avec Ben Gvir et Smotrich qui nie l’existence des Palestiniens, avec Netanyahou qui se préoccupe d’abord de lui, Israël n’a pas fini de se diviser. Une polarisation porteuse de tous les dangers.