Ces derniers jours, une vidéo montrant deux soldats ukrainiens maltraitant une femme et un enfant s’exprimant en russe circulait sur Facebook, Telegram ou Twitter. Avec le slogan « nazi un jour, nazi toujours », elle figurait sur le compte twitter officiel du ministère russe des Affaires étrangères. Quelques jours plus tard, une chaîne Telegram pro-russe avouait : « La vidéo est fausse. C’est un exercice malhonnête. Nous avons encore un long chemin à parcourir pour mener à bien de telles opérations ».
Des infox, c’est ce que redoutent Washington et d’autres capitales alliées durant ce mois d’avril où la Russie exercera la présidence du Conseil de sécurité de l’ONU. C’est ce qu’on entendra.
« Maintenir la paix et la sécurité internationale (…) développer entre les nations des relations amicales (…) respect des droits de l’homme et des libertés fondamentales » sont les buts de l’Organisation des Nations unies exprimés dans l’article 1 de sa charte. Peut-on soutenir que le pays de Poutine qui entend rayer un pays entier pour en faire une terre russe soit fidèle à ces objectifs définis le 27 juin 1945 à San Francisco et ratifiés par Moscou le 24 octobre ?
Une « mauvaise blague », une « honte » dénonce Kiev qui rappelle que la Russie présidait déjà le Conseil de sécurité en février 2022 au moment de l’invasion.
Serguei Lavrov présidera lui-même plusieurs débats dont un sur la défense de la Charte des Nations Unies. Un autre rétablira « la vérité » sur les enfants ukrainiens envoyés en Russie. Énorme, impensable. La fête aux infox !
Le Kremlin compte « exercer tous ses droits ». Qui d’ailleurs pourrait l’en empêcher ? Aucun règlement ne permet d’écarter un membre du conseil de sa présidence. Une telle possibilité ne signifierait-elle pas la fin de l’ONU qui, même si elle est peu efficace pour empêcher les conflits, pour les régler, reste un lieu indispensable de rencontres, de discussions, de confrontation d’idées, de mise en commun…
Même si les circonstances et les buts sont différents, les Etats-Unis menaient-ils une guerre juste en Irak ? Depuis 1974, la Turquie occupe une partie de Chypre et y stationne 45 000 soldats… Devrait-on bannir les pays en guerre, ceux qui déplaisent aux « grands » ? Non, le rôle de l’ONU, conseil de sécurité ou Assemblée générale, est de les écouter, d’essayer de trouver des solutions et de les faire appliquer.
Pour marquer leur désapprobation, les pays peuvent pratiquer la politique de la chaise vide ou se faire représenter par des délégations de faible niveau.
Le problème de l’ONU, ce n’est pas ce mois d’avril à la russe, mais la réforme de son mode de fonctionnement. Avec une réforme du Conseil de sécurité et une meilleure représentation de l’Afrique. Le tout dans un monde géopolitique en évolution profonde. Le « match » Etats-Unis-Chine…