Pas toujours à l’aise dans les affaires nationales, de plus en plus critiqué par ses compatriotes, le président français aime s’affronter aux problèmes mondiaux en se rêvant porteur d’un costume de faiseur de paix. Samedi dernier, il a discuté pendant une heure avec Vlodymyr Zelensky du plan de paix en dix points présenté en décembre par l’Ukrainien. A Pékin, il s’efforcera de définir avec XI Jinping qui se prétend, lui aussi, un homme de paix, un « espace » de dialogue.
L’Elysée le dit : « la Chine est le seul pays au monde en mesure d’avoir un impact immédiat et radical sur le conflit, dans un sens ou dans l’autre ». A défaut de relancer ce plan rejeté par Moscou, Emmanuel Macron insistera pour que Pékin ne livre aucune arme létale à la Russie. Pour avoir davantage de poids, il est accompagné de la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, plus sévère que lui sur la Chine et, candidate supposée à la succession de Jens Stoltenberg à la tête de l’Otan.
Tous les deux, ils feront valoir qu’ils n’ont pas forcément les mêmes intérêts que les Etats-Unis en ce qui concerne l’Ukraine et les relations commerciales. Pas question de découplage. L’Union européenne absorbe 20,8% des exportations chinoises contre 12% des américaines. Et Pékin qui ne peut donc se passer du marché européen compte sur Paris qui demandera en échange, appuyé par la patronne de la Commission, un meilleur accès au marché chinois et une concurrence équitable. Une soixantaine de patrons seront là, à l’affût de contrats…
Quelle sera la réponse de Xi Jinping ? La Chine qui ambitionne de devenir la nation la plus puissante du monde, d’imposer un changement systémique de l’ordre international et dont le PIB devrait dépasser en 2030 celui des Etats-Unis, ne va pas lâcher son allié russe avec qui il renforce sa coopération sur tous les plans. XI répétera son attachement à la paix et au développement harmonieux de tous les pays, mais ne cédera rien, persuadé qu’il est indépendant de l’Europe. Lu Shaye, ambassadeur en France, est clair : « il n’y a pas de conflit d’intérêts ou contradiction fondamentale entre la Chine et l’UE du moins sur le plan stratégique, l’une ne constitue pas une menace pour la sécurité de l’autre ».
Quelques contrats commerciaux pourront être signés, de belles paroles seront échangées, mais on s’attend plutôt à un dialogue de sourds sur le fond.