Le 29 Janvier dernier, nous avions tous été offusqués de la peine extrêmement lourde de 3 jeunes keffois pour consommation de cannabis. Trente ans de prison c’est ce qu’on appelle un joint cher payé.
S’en était suivi une vague de protestations sur les réseaux sociaux, un logo sur Facebook visant la loi 52 « beddel 52 » en dialecte tunisien ainsi qu’une manifestation le 30 janvier dernier, sur l’avenue Habib Bourguiba afin de protester et de soutenir les condamnés.
Et puis ?
Plus rien, ni bruits ni manifestations.
Le calme serait-il revenu après la promesse du chef du gouvernement pour changer cette loi scélérate et ô combien répressive ? Ou bien les jeunes ont-ils déjà baissé les armes ?
Les socialistes au visage humain du printemps de Prague, les soixante-huitards, les hippies, les punks et bien d’autres mouvements jeunes n’ont eu de cesse de renverser des gouvernements, bouleverser des sociétés, impulser des dynamiques de changements. Mais et nous ? Ou est-elle cette jeunesse de la révolution tunisienne ? Subissons-nous un vieillissement précoce de la population ? Ou bien est-elle présente sans être là ?
Il faut le dire, notre jeunesse est à la dérive, du moins dans son immense majorité… Décrochage scolaire, délinquance, chômage sont autant de facteurs qui annihilent toute conviction, causes et ambitions.
Sans structures culturelles et sportives publiques mais avec une privatisation toujours croissante des établissements scolaires, ajoutez à cela une surexposition aux réseaux sociaux la jeunesse a bien du mal à former ses rangs.
Cette protestation contre une loi qui jusqu’à présent a détruit bien des familles n’aura duré qu’un temps : celui de l’instantanée. Une mode de réseau Facebook, pour une photo de profil « cool » et « subversive » en attendant la prochaine sous le soleil d’un printemps aux reflets de démission. Démission d’un Etat incapable et d’une jeune génération non moins démissionnaire.