Heureusement qu’il est là. Où irait le pays sans lui ? Il serait, comme avant son élection, à la merci des « traîtres », des « mercenaires inféodés à l’étranger », des « cafards”, des « satans », des « spéculateurs » des « non-patriotes » à qui il ne cédera jamais. Il a un vocabulaire fleuri qui, pense-t-il, lui évite de s’expliquer davantage, de détailler ces « complots » qu’il dénonce sans cesse.
Le peuple qu’il défend devrait comprendre que dans sa Tunisie, opposant est synonyme de complotiste. Dans sa bouche, journaliste sonne presque comme une insulte. KS détient la vérité et ne discute avec personne, pas même ses ministres qui l’écoutent au garde à vous. S’il lance des anathèmes, ce n’est que pour le bien du pays et il poursuivra sa « purge en demandant des comptes aux coupables sans exception aucune » mais « dans le respect parfait des procédures » et en garantissant des « procès équitables ». Que le parcours nuisible de Rached Ghannouchi se termine en prison n’est pas illogique. Mais confondre tribunal et urnes ne saurait constituer la solution. Ce que le président reproche à ses opposantsdoit être tranché par les électeurs… Il faut de la clarté, de la transparence.
On aurait moins de mal à le suivre et les amis et soutiens de toujours du pays de Bourguiba se poseraient moins de questions, feraient état de moins de réserve s’il exposait les motifs des arrestations, donnait les raisons. Affirmer qu’il agit « preuves à l’appui » ne suffit pas.
Kais Saïed ne peut rester dans sa bulle. Dix ans d’incompétence et de ruine du pays ne lui confèrent pas automatiquement la connaissance de la meilleure voie à suivre. A moins qu’il ne soit que dans le rêve de voir tous les problèmes réglés par la restitution des biens mal acquis ou la revendication de la moitié du champ pétrolier libyen de Bouri.
Certes, il reste populaire et serait sans doute réélu au premier tour. Mais sa popularité décroît. Peu à peu, il enterre les aspirations démocratiques. Et si c’était son véritable but ?