Ce couronnement, ce sera « comme aller au zoo et tomber sur un tricératops dans un des enclos » écrivait le 30 avril dans le Guardian, l’historien Tom Holland.
L’événement que le monde entier pourra suivre ce samedi se déroule selon un cérémonial qui remonte par certains de ses aspects à plus de 1000 ans, comme ces deux serments -sur trois- qui datent de l’an 973.
Si l’on en croit les sondages, de plus en plus de britanniques ne sont plus vraiment en phase avec la monarchie. Ils ne sont plus que 29%, contre 38% il y a un an, à la considérer comme « très importante » et 25% estiment qu’elle ne sert à rien. 55% ont une opinion favorable du souverain alors que 80% aimaient sa mère Elizabeth II. Sa sœur Anne, son fils et successeur William sont plus appréciés que lui.
Un peu plus de la moitié des sujets royaux trouve que l’Etat n’a pas à payer les quelque 114 millions d’euros que coûte le couronnement – 391 avec les exonérations et avantage, selon les partisans d’une république- à la place de la riche royauté, surtout en pleine crise économique qui voit des grèves nombreuses en raison d’un refus du gouvernement d’augmenter suffisamment les salaires. Mais, les dépenses des nombreux touristes et des Britanniques eux-mêmes pourraient s’élever à 1,6 milliard d’euros. Cela vaut le coup…
Malgré les sondages et le manque apparent d’enthousiasme, les Britanniques, attachés à leurs traditions, devraient suivre en masse le couronnement. Le Times les décrit comme « royalistes en secret » et ajoute : « la famille royale est notre grand feuilleton national ».
Longtemps moqué, le prince Charles a su toucher le cœur de ses sujets, même s’il ne peut rivaliser avec celle qui a régné à soixante-dix ans. Empathique, d’abord facile et proche de la jeunesse malgré ses 74 ans, il aura une autre relation avec le pays. Ce vendredi, chose impensable avec Elizabeth II, il a pris un bain de foule à Londres en compagnie de William et Kate.
Présenté souvent comme un roi de transition, Charles III voudra, au contraire, laisser une empreinte plus moderne, une trace différente. Il a voulu une cérémonie moins coûteuse, moins fastueuse et plus rapide. Moins coûteux également est l’un des trois plats du couronnement : une quiche végétarienne aux épinards, aux fèves, au fromage Cheddar et à l’estragon. Les deux autres sont une aubergine assaisonnée de yaourt et de chutney avec des oignons frits et un carré d’agneau rôti avec une marinade de style asiatique.
A la tête d’un royaume multiethnique, il a imposé sa marque : ce sont quatre
Pairs de la Chambre des Lords, musulman, hindou, sikh et juif, qui lui apporteront un insigne de soin pouvoir royal : toge, anneau, bracelets de sincérité et sagesse, gant.
Charles III ne pourra pas empêcher la perte des quelques-unes de ses couronnes durant son règne. Il en a quinze, mais la Jamaïque et le Belize viennent d’annoncer leur volonté de devenir des Républiques. La Nouvelle Zélande le souhaite également. Et douze peuples indigènes réclament des excuses pour le colonialisme et la traite des esclaves.
Charles III, un roi entre tradition et modernité pourrait sonner la fin des tricératops…