Le printemps est là depuis près de deux mois et la contre-offensive ukrainienne tant annoncée n’est toujours pas visible. Tout est prêt, répètent Volodymyr Zelensky, ses ministres et ses généraux, mais il n’est pas question d’en parler, précisent-ils.
Ce qui est certain, c’est que le « modelage » -campagne d’artillerie, drones, pour tester l’adversaire, le mettre en état d’alerte, détruire des nœuds logistiques, des dépôts de carburant – est engagé depuis des semaines et que les missions de reconnaissance vont bon train. Et l’utilisation du matériel occidental fraîchement arrivé fait dire aux experts de l’Institute for the study of war que la contre-offensive est, en réalité, lancée. Mais, attention, il ne s’agit pas d’un « D Day » d’un début massif et en fanfare, mais d’une série d’opérations qui, estime ISW, pourraient être plus lentes et difficiles que prévu avec des échecs. Et des pertes lourdes, que le président ukrainien a dit redouter. Au moins 370 000 soldats russes sont déployés sur la ligne de front, plus nombreux que les Ukrainiens et l’on sait que l’offensive est plus coûteuse en vies que la défensive. Les Russes ont eu le temps de construire de larges zones défensives avec « dents de dragon » et bunkers. Mais le génie et l’inventivité militaire des Ukrainiens ont dû trouver des moyens de les surpasser…
La destruction du barrage de Kakhovka, malgré les dires de Zelensky a forcément perturbé les plans et les calendriers, mais les objectifs restent les mêmes : rompre la continuité territoriale russe, retrouver un accès à la mer d’Azov. Pour l’heure, les combats les plus rudes se déroulent dans le Donbass, et dans le nord du côté de Kharkiv et de Belgorod mais ils s’intensifient également dans la zone de Zaporijia, là où les Ukrainiens tenteraient une percée jusqu’à Melitopol justement pour casser cette continuité vers la Crimée.
Les experts militaires occidentaux misent sur des succès ukrainiens lors de cette contre-offensive qu’ils voient durer jusqu’en octobre, mais ils doutent qu’elle soit vraiment déterminante.
A défaut de renseignements fiables sur la situation militaire sur le terrain, on suit la guerre informationnelle, la guerre de communication. Moscou parle plus que Kiev et annonce tous les jours avoir repoussé des attaques. Ce vendredi après-midi, Vladimir Poutine a affirmé que la contre-offensive avait bien commencé mais que « les troupes ukrainiennes n’ont atteint leur objectif sur aucun des champs de bataille ». Bien trop tôt pour l’affirmer…
De telles déclarations auraient d’abord pour but de vanter la puissance de l’armée et de rassurer la population qui s’inquiète à la suite des attaques sur le sol russe.