Le président Tebboune arrive ce lundi en Chine pour une visite d’Etat. La concrétisation des bonnes et anciennes relations entre deux pays qui « resteront toujours de bons frères » et de « bons amis pour faire avancer la construction d’un ordre international plus juste et équitable » aux dires de l’ambassadeur chinois à Alger.
Les deux pays ont signé en 2014 un accord de partenariat stratégique global, renouvelé en novembre dernier jusqu’en 2026 pour un développement des échanges dans tous les domaines. Des accords seront discutés ou signés qui concernent les ressources minières, l’énergie, le BTP, les infrastructures, les ports…
Depuis le début des années 2000, le commerce entre les deux pays ne cesse de progresser et la Chine est aujourd’hui le premier partenaire de l’Algérie avec 17% des parts de marché devant la France 10%, et l’Italie, 7%.
Cette visite sera donc l’occasion de mettre en exergue « la profonde amitié et l’esprit de solidarité exceptionnel » des deux pays, leurs vues identiques en matière de droit international. L’occasion aussi pour la presse algérienne de souligner la réussite de la « nouvelle Algérie » lancée par le président Tebboune et saluée à Pékin comme à Moscou.
Cependant, le véritable objectif de la venue de Tebboune à Pékin n’est pas la consolidation, déjà acquise, des relations économiques et politiques : le président algérien va tenter d’arracher à Xi Jinping l’adhésion de son pays aux Brics. Certes, Pékin et Moscou soutiennent la candidature d’Alger, mais pas l’Inde et il apparaît que lors du sommet prévu fin août en Afrique du Sud, seules les candidatures de l’Arabie Saoudite, des Emirats arabes unis, de l’Indonésie, de l’Egypte et de l’Argentine seront évoquées, avec une adhésion probable de Ryad.
Tebboune, à Moscou à la mi-juin et aujourd’hui à Pékin, veut éviter ce qui constituerait un camouflet pour l’Algérie qui ne cesse de se décrire plus belle qu’elle n’est. Le 23 décembre dernier, Tebboune affirmait à sa presse que « l’année 2023 sera couronnée par l’adhésion aux Brics ». Le 7 août, il était « sûr qu’il y aura de bonnes nouvelles ». Les journalistes qui ne peuvent, sous peine de poursuites, qu’utiliser les textes officiels pour rendre compte des activités de la présidence, avaient, avant de baisser d’un ton sur l’adhésion, parlé victorieusement des BRICSA, le A représentant bien sûr l’Algérie…
La réalité n’est pas celle que vantaient le président et sa presse aux ordres : les Brics estiment que l’Algérie n’est pas à la hauteur, n’a pas grand-chose à apporter, n’est qu’un marché. Un PIB, aux alentours de 200 milliards de dollars, trop faible par rapport à celui des cinq membres, à peine 1%. Et pas d’industrie, pas assez d’exportations, un système bancaire trop faible, pas assez de réformes, une vulnérabilité liée à la dépendance aux hydrocarbures… D’ailleurs, la Chine investit davantage au Maroc et est devancée en Algérie par trois pays de l’Otan, France, Italie et Etats-Unis. Tebboune le savait malgré ses discours optimistes et volontaristes. Il a évoqué récemment que, malgré ses progrès au plan de la croissance et de l’IDH, l’Algérie devait poursuivre ses efforts.
Reste pour Tebboune et ses généraux, si le refus de l’adhésion rapide est bien confirmé, à transformer ce revers en victoire pour la « nouvelle Algérie » reconnue et appréciée, « espoir pour de nombreux pays en proie au colonialisme » selon Algérie Presse Service.