Comme on s’y attendait, et forts des précédents malien, burkinabé et guinéen, ils persistent et signent, poursuivant sans vergogne leur fuite en avant. Abdourahamane Tiani et ses camarades putschistes avaient justifié leur coup d’Etat par « la dégradation sécuritaire et la mauvaise gouvernance économique et sociale ». Sûrs de leur démarche pour sauver le pays, ils avaient regretté que la Cédéao et les partenaires étrangers n’aient pas écouté leur version. Oui, il veulent la paix et ont ouverts à la diplomatie, ont-ils affirmé aux médiateurs religieux, mais, ont-ils révélé peu après, à leurs conditions : il faut juger, condamner Mohamed Bazoum qu’ils accusent de « haute trahison » et d’ « atteinte à la sûreté intérieure et extérieure » du pays. Les preuves, non fournies sont des «échanges » avec des « nationaux », des « chefs d’État étrangers » et « responsables d’organisations internationales ». Sans plus de précisions, les activités normales d’un chef d’Etat.
Alors que la menace d’intervention militaire n’est pas levée, les généraux font monter la pression et cherchent à mobiliser la population, surtout la jeunesse, contre un gouvernement qui n’a jamais été populaire, mais qui n’a pas non plus démérité. Complots présumés, désignation de bouc émissaires, une méthode bien connue…
Au Niger, comme dans d’autres pays d’Afrique, les déçus de la démocratie sont légion en raison des promesses non tenues, du favoritisme, de la corruption, des inégalités, de la répression des opposants. Alors, pourquoi pas le recours à l’armée vue comme la solution par une jeunesse sans avenir ? Au Niger 50% de la population a moins de 15 ans et un enfant sur deux ne va pas à l’école primaire. Le chômage est élevé. Et en 2050, le pays comptera près de 80 millions d’habitants…
Malgré leurs dires, les généraux ne se soucient guère du bien-être de la population. En renversant Mohamed Bazoum, ils défendent avant tout leurs privilèges, leurs avantages. Le président n’a pas réussi mais il était engagé sur la voie du changement et de l’apaisement du climat social.
Pas plus que leurs homologues maliens, burkinabés et guinéens, les généraux nigériens ne sont capables, seuls, de redresser le pays, de vaincre les djihadistes. Le Premier ministre est-il sérieux quand il prétend que le pays est capable de « surmonter » les sanctions ? Les aides internationales représentent 40% du budget…
Qui ramènera les généraux à plus de raison ? L’Union africaine, l’Algérie ou les Etats-Unis qui, dans cette affaire, ont des intérêts communs ?
Et surtout, il ne faut pas oublier le terrorisme djihadiste qui gagne du terrain, qui pourrait s’installer durablement au Sahel et devenir une menace pour les voisins du nord et de l’Ouest.