Les autorités iraniennes s’en prennent aux tombeaux des victimes de la répression en Iran, dénonce Amnesty international. L’ONG alerte sur la multiplication des cas d’intimidation et de harcèlement des familles de victimes pour « les faire taire » à l’approche de l’anniversaire de la mort de Mahsa Amini en septembre.
Pour lui rendre hommage, la famille d’Amir Javad As’adzadeh avait fait graver sur sa tombe ces quelques vers : « Ton nom restera sur toutes les lèvres, partout ». Ce manifestant iranien avait 36 ans lorsqu’il est mort en détention, après avoir été arrêté et sévèrement battu par les forces de sécurité iraniennes lors d’une violente manifestation à Mashhad, dans le nord de l’Iran, le 19 novembre 2022. Cinq mois plus tard, l’épitaphe inscrite sur sa tombe a été complètement recouverte de peinture noire, ont alerté ses proches en avril 2023.
Sur la pierre tombale d’Ali Abbasi, 24 ans tué par les forces de sécurité le 3 novembre 2022 lors d’une violente répression des manifestations à Semirom dans la province d’Ispahan, c’est l’inscription « Au nom de la liberté », taillée dans la pierre, qui a été effacée au mois de mars.
En tout, Amnesty international a recensé 21 dégradations commises sur des tombes de victimes de la répression du soulèvement ayant suivi la mort de Mahsa Amini le 16 septembre 2022 en Iran. Sept concernent des sépultures d’enfants. Photos à l’appui, l’ONG montre des pierres tombales endommagées par du goudron, de la peinture et des incendies criminels. Parfois même brisées.
Les proches de Mahsa Amini n’ont pas non plus été épargnés. Dans la ville kurde de Saqqez, sa tombe a été vandalisée à plusieurs reprises et ses parents se sont vu interdire l’installation d’une barrière de protection autour du tombeau.
Les autorités tentent aussi d’empêcher les familles d’organiser des cérémonies sur les tombes de leurs proches, y compris pour leur anniversaire. Certains rassemblements ont été « interrompus avec violence par les autorités qui ont pris des photos des participants, et frappé ou arrêté arbitrairement les membres de la famille des victimes », dénonce l’ONG dans son rapport.