Au Mali, les combattants de Wagner auraient observé une minute de silence. Ce jeudi en fin d’après-midi et les médias russes dont la chaîne Russia1 n’avaient annoncé qu’un accident d’avion qui a tué dix personnes, sans citer leur nom. La mort de Prigojine, de Dmitri Outkine, le vrai fondateur et chef de Wagner, de Valéri Tchekalov, chargé de la logistique et d’autres responsables ? Un non-événement. Jusqu’à ce que Poutine réagisse en saluant « un homme talentueux qui a commis des erreurs ». Le reste du monde attendait les paroles du président russe qui, pense-t-il, a assouvi sa vengeance, même s’il promet que l’enquête sera « menée jusqu’au bout ».
Le 24 juin, au soir de la révolte de Prigojine, il avait affirmé qu’il ne pardonnerait pas au « traitre ». On avait ensuite cru à un deal entre les deux hommes, le patron de Wagner connaissant trop de secrets et étant très utile en Afrique. Lundi encore, au Mali, Prigojine affirmait œuvrer « pour la grandeur de la Russie ».
Poutine, lui, suivait son chemin vengeur qui lui avait fait dire en 2010 que « les traîtres finissent mal en général ». Huit ans plus tard, au moment de l’empoisonnement de Skripal en Grande Bretagne, il rappelait qu’il ne pardonnait jamais aux traitres.
Ses services s’attachaient à démanteler Concord, la société mère des multiples entreprises de l’ex bandit devenu « cuisinier » et proche. Ce mercredi, le coup de grâce était donné. Sans doute un missile forcément tiré sur ordre. Une méthode de parrain mafieux qui ressemble à la fois à Poutine et à Prigojine. Des morts de plus, ce qui fait dire avec ironie à la ministre française des Affaires étrangères Catherine Colonna : « le taux de mortalité parmi les proches de Poutine est particulièrement élevé. C’est une activité à risque ».
Si bien sûr, on ne doute guère que le président russe soit derrière cet « accident », il est évident que des questions se posent. Cette mort est-elle un signe de force ou de faiblesse de Poutine ? Et surtout, quel est l’avenir de Wagner en Afrique ? Deux jours après la rébellion, Serguei Lavrov avait affirmé, qualifiant les combattants de Wagner d’ « instructeurs », que « le travail va bien sûr continuer ». Mais certains hommes étaient remplacés par d’autres et, ces derniers jours, des missions russes sont allées, sans responsables de Wagner, en Libye et au Soudan pour, pense-t-on, expliquer ce qui succédera à Wagner. Fin juillet, lors du sommet Russie-Afrique, Poutine avait présenté aux Maliens le général Averianov, du GRU, qui pourrait être le successeur de Prigojine.
Pour Moscou, Wagner ne peut disparaître, étant essentiel dans sa stratégie africaine et son rayonnement sur le continent. Prigojine et sa galaxie, ce sont en effet, des agents d’influence, des agitateurs, des usines à trolls, des experts en fake news. Mais elle pourrait céder la place à une nouvelle société paramilitaire aux ordres du Kremlin.
Les Wagner sont présents au sommet de l’Etat en Centrafrique, ils sont 1600 au Mali. On les voit aussi en Libye, au Soudan, à Madagascar, en Angola, sans doute au Burkina et en Guinée. Et au Moyen Orient, en Syrie.
Certains de ceux qui avaient gagné la Biélorussie, sont repartis en Russie sans que l’on sache ce qu’ils vont devenir. Ils pourraient ne pas être pacifiques…