Pas de mauvaise querelle, pas de polémique, le Maroc est un Etat souverain, bien organisé capable de gérer ce séisme meurtrier, affirme-t-on à Paris, et un encombrement de secouristes gênerait plutôt l’accès aux victimes dans une région montagneuse difficile d’accès. La France reste prête à apporter son aide et ses ONG s’activent déjà.
Certes, mais il n’empêche que Paris a du mal à cacher ce qui peut être ressenti comme un affront et une humiliation. Les deux pays sont proches, leurs liens tellement étroits qu’il aurait semblé naturel que Rabat fasse d’abord appel à Paris. Mais c’est ignorer la fierté, l’orgueil, la susceptibilité des souverains chérifiens. En cela, Mohammed VI ressemble à son père Hassan II, il ne pardonne pas les comportements, les paroles qui feraient apparaître le Royaume comme un partenaire inférieur. Mohammed VI en veut beaucoup à Emmanuel Macron. La réduction du nombre de visas et surtout l’affaire du logiciel espion Pegasus. Le président français a refusé de croire le roi qui lui affirmait son innocence. Et par-dessus tout, le Sahara occidental, cause sacrée du roi. Le président français ne reconnaît pas sa marocanité, pourtant prouvée, et ne cesse de vouloir apaiser les relations avec une Algérie qui a pourtant tendance à rejeter la France, à vouloir lui imposer ses conditions -le report du voyage de Tebboune en témoigne. Mohammed VI ne cesse de répéter que « la Marocanité du Sahara ne sera jamais à l’ordre du jour d’une quelconque tractation », que les relations avec les autres nations se mesurent à l’une de leur attitude sur le Sahara.
Sachant cela, on ne s’étonnera pas que le Palais ne se précipite pas pour répondre à l’Elysée.
Une partie de la presse française jette plutôt de l’huile sur le feu en accablant le roi dont la gestion de la catastrophe est « froide et indigne ». Mohammed VI ne serait qu’un homme d’affaires qui s’enrichit, le « roi fantôme » d’un pays où règnent l’autoritarisme et la corruption.
Le royaume est inégalitaire et le pouvoir reste concentré entre les mains de quelques-uns, mais le résumer ainsi, surtout en cette période douloureuse, ne reflète pas toute la réalité. Tout n’est pas n’est pas négatif entre Tanger et Laâyoune. Loin de là…