D’après le Forum tunisien pour les droits économiques et sociaux, 9 283 ressortissants tunisiens ont atteint les côtes italiennes à bord de canots entre début janvier et le 31 août de l’année en cours. Des hommes dans la force de l’âge mais également de plus en plus de femmes, des ados, voire des enfants, des personnes instruites ou qualifiées.
Ainsi, le visage de la migration illégale en Tunisie, se métamorphose toujours plus, ne touchant plus « quelques brebis égarées » mais toutes les couches de la population, ou presque.
Pour autant, le traitement médiatique fait à ce phénomène qui happe notre société, semble ne pas dépasser le constat plus ou moins sensationnel selon les jours des départs ou des naufrages. Comme s’ il s’agissait simplement de personnes qui se « jettent à l’eau » au sens figuré de l’expression. Et pourtant c’est bien dans la mer que ces tunisiens se jettent. C’est dans la mer qu’ils mettent toute leur confiance, leurs promesses d’avenir, de vie meilleure.
La terre, la leur, ne suffit plus-l’a t-elle jamais été pour les plus jeunes?
Le sentiment d’appartenance au pays apparaît comme inexistant chez cette jeunesse qui ne rêve que de l’ailleurs.
Or la Tunisie, à qui revient de développer ce sentiment chez ses enfants, s’est égarée, plus ou moins volontairement, dans la cacophonie internationale sur la gestion des migrants sans réellement poser la question essentielle: Pourquoi partent-ils?
Le chômage, l’effritement du système éducatif, la baisse du pouvoir d’achat, l’administration kafkaïenne du pays, l’insécurité, le manque de liberté … sont les raisons factuelles du départ de notre jeunesse. Une ambiance si détestable qu’il est impossible de se projeter ou même de rêver dans ce pays. Et une jeunesse sans rêve, c’est une jeunesse désespérée, prête à affronter tous les dangers, y compris la noyade dans le seul but de survivre.
Alors pour retrouver un rapport de confiance et d’appartenance entre les tunisiens et leur pays, il faudrait que l’Etat s’éloigne des opérations coups de poings, seulement bonnes à alimenter la Télévision nationale pour se saisir des réels problèmes qui saignent la jeunesse de ce pays. Car un pays sans jeunes c’est un pays mort.