Un an après avoir été décerné a un trio d’ONG slaves, à savoir le militant biélorusse Ales Beliatski, fondateur du Centre de défense des droits de l’Homme Viasna, à l’ONG russe Memorial, frappée par un ordre de dissolution des autorités russes, et au Centre ukrainien pour les libertés civiles, qui s’attache à documenter les « crimes de guerre russes » dans le conflit en cours en Ukraine, le prix Nobel de la Paix a été attribué ce vendredi 6 octobre 2023 à Narges Mohammadi. Cette militante iranienne, lauréate également du Prix du Courage RSF, poursuit en prison son combat qui, depuis presque six mois, trouve un singulier écho dans le mouvement «Femme, Vie, Liberté».
L’attribution du Prix Nobel de la Paix à cette femme est hautement symbolique, au moment où le mouvement «Femme vie Liberté» secoue l’Iran depuis plus d’un an. La contestation, née après la mort d’une jeune Kurde iranienne, Mahsa Amini, décédée en détention après son arrestation par la police des mœurs pour un voile mal porté, a été réprimée dans le sang. Mais pour Mme Mohammadi, le changement est «irréversible».
Ce prix lui a été remis pour «son combat contre l’oppression des femmes en Iran et pour la promotion des droits humains et de la liberté pour tous», a justifié le comité. Elle lutte contre le port du voile obligatoire ou la peine de mort, dénonce les abus sexuels en détention, et poursuit inlassablement son combat, y compris derrière les barreaux de la prison d’Evin à Téhéran, où elle a été réincarcérée il y a plus d’un an. Sa première arrestation date de 1998. L’ONU demande sa libération.
La militante de 51 ans «est la personne la plus déterminée que je connaisse», confie à l’AFP son mari Taghi Rahmani, réfugié depuis 2012 en France avec leurs jumeaux, aujourd’hui âgés de 17 ans.