« Je vous parle aujourd’hui comme président des Etats-Unis, au tout début de mon administration, et j’envoie un message clair au monde: l’Amérique est de retour. L’alliance transatlantique est de retour » a lancé Joe Biden, en visioconférence, lors de son premier grand discours de politique étrangère pour la Conférence sur la sécurité de Munich tenue après le G7 en partie consacré à la pandémie et au partage des vaccins.
Fini le bilatéralisme de Trump, ou plutôt son unilatéralisme car, ne connaissant qu’une loi, celle du plus fort, son seul but était de conclure des accords selon ses conditions. Place au « tous ensemble », à un nouveau multilatéralisme qui verra les Etats-Unis aux côtés de ses alliés traditionnels. Le 46eme président des États-Unis est décidé à « regagner » la confiance d’une Europe prête à retisser ses liens avec son puissant partenaire, distendus par le 45eme.
Un beau discours qui ne doit pas endormir les Européens. Depuis Obama, et Biden fut son vice-président, l’horizon américain n’est plus en Europe, mais en Asie. La Chine est le principal souci de Washington qui s’appuiera plus sur les pays asiatiques dans son bras de fer économique et politique avec Pékin. Les États-Unis ne sont plus non plus le gendarme du monde et ils laisseront les Européens régler les problèmes européens. Face à la Russie qui « attaque nos démocraties » et « cherche à affaiblir le projet européen et notre alliance de l’Otan », l’Amérique de Biden sera prudente car, comme le disait Obama la Russie crée des problèmes, mais c’est « une puissance régionale dotée d’armes nucléaires ». Face à la Chine, l’Europe n’aura pas forcément les mêmes intérêts que les Etats-Unis…
Joe Biden n’est pas Trump, mais il est « America first ». Un de ses premiers décrets le prouve, son objectif est que les contrats passés par les pouvoirs publics bénéficient davantage aux entreprises américaines. Acheter plus de biens et de services américain pour créer des emplois américains…
Et puis, entre l’Union européenne et les Etats-Unis, il y a les taxes imposées par Trump, les GAFAM, Airbus et Boeing, des contentieux pas si faciles que ça à résoudre. Les Etats-Unis resteront protectionnismes et il ne faut pas oublier qu’ils n’ont pas les yeux de Chimène pour une Europe qu’ils n’ont jamais voulu forte, qu’ils aiment divisée. Pareil pour l’Otan dont la principale « mission » est d’acheter du matériel, des armements américains…
L’Europe, qui a commencé à réagir face aux manœuvres trumpiennes, ne doit pas se leurrer: ce sera bien mieux avec Trump, mais elle doit tracer son propre chemin, devenir autonome.