Il veut en finir avec les aides sociales, interdire l’avortement, supprimer les ministères de la Femme, de la santé, de l’Education, ainsi que la Banque centrale. Il nie le réchauffement climatique et l’existence de violence sexiste, il prône la légalisation de la vente d’armes et aussi d’organes.
Dans de nombreux pays, on refuserait de porter à la présidence un tel homme, mais en Argentine, cet homme, Javier Gerardo Milei, économiste ultralibéral, pourrait être élu le jour même de ses 53 ans. Grand fan du Brésilien Bolsonaro, ce « Trump de la pampa », arrivé en politique en 2020, élu député de Buenos Aires en 2021, a conquis une bonne partie des Argentins.
Pourquoi ? Depuis plus de 20 ans, le pays ne fait que s’enfoncer. Le salaire moyen est aujourd’hui plus faible qu’en 2021 lors de la grande crise, du défaut sur la dette. 425 dollars par mois et une inflation qui ne cesse de monter, 138% sur un an. Il y a deux ans, il fallait 99 pesos pour un dollar, 365 aujourd’hui. 40,1 % des Argentins vivent sous le seuil de pauvreté.
Alors, Milei se présente, tronçonneuse à la main, et s’écrie « vive la liberté, bordel ! » avant de promettre de tronçonner l’Etat et de questionner : « Je vous invite à vous demander quel pays vous voulez pour vos enfants. Le pays de la pauvreté, de l’insécurité, de l’inflation ? Le pays décadent dans lequel nous vivons depuis des décennies, ou bien le pays de la liberté et de la prospérité ?! »
Le libertarien s’en prend à « la caste politique parasite, voleuse et inutile. Qu’ils s’en aillent tous, qu’il n’en reste plus un ». Anti-woke assumé, il attaque tous les gauchistes, tous les communistes, dont le pape argentin François, « représentant du malin sur terre, imbécile, gauchiste dégueulasse ».
Comme le peso a moins de valeur que des « excréments, il prévoit de dollariser le pays, mais sans préciser les modalités. 170 économistes reconnaissent que cela pourrait stopper l’inflation mais que sans réserves en dollars, on va droit vers une destruction du capital des entreprises, une chute vertigineuse des salaires et de l’activité économique en général. C’est proposer d’amputer la jambe pour un problème d’ongle incarné.»Bon nombre d’électeurs qui ont voté pour lui, hier dimanche, ne partagent pas toutes ces idées, mais ne supportent plus la corruption et l’inflation. Alors pourquoi ne pas essayer Milei ? Celui qui, jeune, a tenté d’être un grand gardien de but surnommé « el loco del arco », le fou de la cage, puis batteur de rock dans la ligne des Rolling stones, a séduit les jeunes qui en ont fait leur idole.
En Argentine, on vote à 16 ans et un tiers des électeurs a moins de 29 ans. Il n’ont jamais connu la prospérité, que la débrouille. Ils n’apprécient guère les principaux rivaux de Milei, Sergio Massa, ministre de l’Economie, et Patricia Bullrich, ancienne ministre du Travail puis de la Sécurité qui n’ont pas particulièrement réussi. Mais ils ne partent pas battus : le ministre de l’Économie Sergio Massa a obtenu 36,6% des voix contre 30% pour Milei selon des résultats partiels communiqués par l’Autorité électorale argentine. Ils s’affronteront le 19 novembre.