Depuis bientôt deux ans, tous les analystes militaires et politiques tentent de répondre à cette question : pour qui joue le temps ? Leurs réponses ont si souvent été démenties que leurs pronostics se font rares et prudents. L’Ukraine, que l’on voyait battue, écrasée, a résisté puis pris l’avantage qu’elle recède à la Russie en raison de l’échec de sa contre-offensive estivale. L’hiver fige les lignes que les troupes russes, au prix de lourdes pertes, ont fait quelque peu bouger en leur faveur.
Aujourd’hui, une nouvelle question se pose : combien de temps l’Ukraine va-t-elle pouvoir résister si la Russie poursuit ses attaques massives de drones et missiles ? Contrairement à ce que prétend Poutine, son pays ne se porte pas très bien, mais il est passé en économie de guerre, a multiplié sa production d’armes et de matériel par au moins deux et bénéficie de livraisons iraniennes, coréennes du nord et aussi chinoises. De plus, Moscou a su contourner l’embargo imposé par les Occidentaux.
Vladimir Poutine sait que le soutien à l’Ukraine agite les alliés de Kiev et que les Etats-Unis, comme l’Europe, entrés en année électorale, sont moins à l’aise même si les chancelleries répètent qu’il ne saurait être question que Poutine gagne.
En lançant missiles et drones sur des cibles civiles, en proclamant qu’il ne s’arrêtera pas, le maître du Kremlin entend terroriser les Ukrainiens, affaiblir leur moral, les pousser sinon à la capitulation, au moins à des négociations dans lesquelles il serait en position de force. Il envoie aussi un signal aux alliés de Kiev, les teste. Tous les jours, Zelensky et Zaloujny leur crient leur besoin de munitions, d’obus, de systèmes de défense. Poutine veut épuiser leurs réserves. Pour abattre un Kinjal, il faut au moins deux Patriot… Qui sera à court le premier ?
Une chose est sûre : si l’aide occidentale n’augmente pas et n’arrive pas rapidement, l’Ukraine qui de plus a des problèmes de mobilisation, tombera en grande difficulté. En un an, les engagements ont diminué de 90% et ce qui a été promis n’arrive pas au rythme prévu, même si des F-16 jaunes et bleus voleraient bientôt. Impérativement, l’Ukraine doit produire davantage sur son sol.
La troisième année de la guerre va dépendre de la réponse à ces questions de temps et d’aide…