Les craintes d’un embrasement régional demeurent et l’on écoutera avec attention le nouveau discours d’Hassan Nasrallah ce vendredi, mais, face à Israël qui poursuit en toute impunité ses actions meurtrières contre le peuple palestinien, l’Iran le Hezbollah, l’axe de la résistance » se montrent pragmatiques.
Comme dans l’ensemble du monde arabe, surtout le plus éloigné du front, les mots, forts et vengeurs, promettent la victoire totale des frères palestiniens. A Téhéran, l’essentiel n’est pas là : le but, la stratégie est de maintenir la tension, d’affirmer un leadership sans aller jusqu’à l’affrontement direct qui mettrait le régime théocratique des mollahs en péril. Pas question de provoquer directement les Américains, les proxys sont là pour ça.
Ces derniers possèdent également leurs intérêts propres. Le discours, hier mercredi, de Nasrallah le prouve une fois de plus. Le patron du Hezbollh n’a assuré que le service minimum après l’assassinat de Saleh Al Arouri, le numéro deux du Hamas. Un soutien renouvelé aux résistants palestiniens avec ce rappel que les objectifs des deux mouvements en lutte contre l’Etat hébreu sont différents. Pour Nasrallah, son mouvement doit avant tout protéger son pays, le Liban, dont il voudrait être la force principale. « Même pas peur » d’une guerre ouverte et totale, répète-t-il, mais il ne la provoquera pas sachant que les trois quarts des Libanais refusent sur leur sol et qu’elle entraînerait la défaite de ses combattants et l’affaiblissement de son influence.
Le Hezbollah se doit malgré tout de réagir sous peine de perdre de sa crédibilité alors qu’il porte l’espoir de nombreux Palestiniens. On attend les mots d’aujourd’hui…
Pendant ce temps, Netanyahou et Tsahal exerçant outrageusement leur droit de se défendre, songent même à chasser les Palestiniens de leurs terres. Et l’on se souvient du général de Gaulle qui, le 27 novembre 1967, rappelait aux Juifs, « peuple d’élite, sûr de lui-même et dominateur », qu’après avoir remporté des succès, « vous vous trouverez engagés sur le terrain et au point de vue international dans des difficultés grandissantes, d’autant plus que la guerre en Orient ne peut pas manquer d’augmenter dans le monde une tension déplorable et d’avoir des conséquences très malencontreuses pour beaucoup de pays ». Il ajoutait : « Un règlement doit avoir pour base l’évacuation des territoires qui ont été pris par la force, la fin de toute belligérance, et la reconnaissance de chacun des États en cause par tous les autres ».
On en est toujours là. A cette différence près : l’État hébreu, en commettant un carnage à Gaza et même en Cisjordanie, a failli moralement, et perdu, aux yeux d’une grande partie du monde, énormément de crédit, de confiance et de légitimité. Cela pèsera longtemps sur l’État hébreu.