Qui a déjà vu rouler dans nos rues une Chery, une Great Wall ou une Brilliance? Bien peu sans doute, mais davantage ont regardé avec nostalgie une MG ou avec envie une Volvo Polestar et une BMW IX3. Quel rapport entre ces voitures? Elles viennent toutes de Chine, les unes vraiment chinoises, les autres fabriquées dans l’empire du milieu par des constructeurs européens. La BMW a un moteur chinois, un Brilliance…. Depuis quelques mois, l’inquiétude du monde sur une invasion chinoise. Si, l’an dernier, on ne comptait que 50 000 voitures chinoises sur les 12 millions du marché européen, elles seront 500 000 d’ici à 2025 et nos constructeurs fabriquent de plus en plus dans leurs usines chinoises. Volkswagen qui domine le marché chinois est implanté depuis 30 ans, Volvo, comme Lotus, appartient au Chinois Geely, la S90 et les Polestar, électriques du Suédois, sont construites en Chine, MG et ses décapotables qui ont fait rêver est également chinois et tout électrique; Citroën va fabriquer sa nouvelle C5 hybride, non pas à Rennes mais à Chengdu, la limousine DS9 sortira des usines de Shenzhen, la Dacia Spring et la Smart Fortwo seront aussi made in China.Comme plusieurs modèles de Tesla ou un SUV Mercedes, firme allemande dont les Chinois détiennent 15% du capital.
Fabriqués dans l’empire du milieu et réexporter, nos constructeurs ont fait leur calcul: même si les droits de douanes s’élèvent à 10%, les salaires font plus que compenser, 284 euros pour un ouvrier chinois, 1520 pour un smicard français. Le compte est bon, mais dangereux.
En 2017, Jean-Dominique Sénard, patron de Michelin, avertissait: « les voitures chinois sont maintenant au point. Si nous n’anticipons pas, nous n’aurons que nos yeux pour pleurer dans quelques années ». A l’automne dernier, France Stratégies affirmait que « la Chine peut envoyer l’automobile européenne au tapis ».
Là-bas, la concurrence est féroce et la Chine vise la première place mondiale dans l’électrique, elle possède déjà le premier marché. Matt Lei, patron de SAIC, Shanghai Automotive Industry Corporation, qui possède notamment MG, sait que « l’attaque » chinoise du marché européen n’en n’est qu’à ses débuts: « Nous avons décidé de venir en Europe avec nos meilleurs produits, mais il faut aussi comprendre les clients et la spécificité du marché. C’est le plus important ». Avant hier, le Quotidien du Peuple complétait : »nous sommes au stade de tâter le terrain ». Pas question par exemple de vendre en Europe la Hong Guang Mini, petite citadine à l’autonomie de 170 km qui au prix de 3700 euros a détroné du coté de Pékin la moins chère des Tesla produites à Shanghai. Mais une version européenne aux normes plus sévères pourrait voir le jour en Lituanie. Elle concurrencerait les modèles low cost et l’Ami sans permis de Citroën…
Dans un monde automobile qui sera électrique, c’est-à-dire un véhicule moins complexe avec moins de pièces et une technologie plus facile d’accès, c’est tout le modèle européen qui va vivre un grand bouleversement voire connaître une disparition. Qui n’aurait qu’un temps? Demain, l’électrique peut être dépassé par l’hydrogène… Et les groupes chinois dont Huawei et Xiaomi délaissent un peu la téléphonie pour étudier les véhicules autonomes et volants. Avec, ouf! des partenaires européens…