Un vieux proverbe polonais dit que chaque bourreau à la retraite pense avoir passé sa vie à servir son pays.
Le Premier ministre israélien Benjamine Nethanyahou n’est pas encore mis à la retraite mais ce ne saura trop tarder. Celui qui aura battu le record de durée à la tête de l’exécutif israélien en accédant par six fois à la présidence du gouvernement, soit 16 années dont douze années consecutives, aura tout fait-et continue de le faire-pour rendre irréalisable toute solution de paix au conflit palestino-israélien. Il n’a reculé devant rien. Assassinats ciblés, guerres ouvertes, manoeuvres de division du peuple palestinien, étouffement économique des territoires occupés, confiscation des terres, expropriations des habitants autochtones, installations de colonies, destructions des plantations et des récoltes…bref, tout ce qu’il faut pour rendre la vie impossible aux palestiniens et les pousser à quitter la Palestine. Cela s’appelle épuration ethnique et Nethanyahou n’en a cure. Pire: il en a fait son but ultime.
Il faut avouer qu’il a plutôt « réussi ». Il a réussi à faire d’Israël un Etat-nation du peuple juif selon une une loi votée en 2018, avec Jérusalem occupée comme capitale. Mais il a fait plus fort encore en marginalisant la question palestinienne et en faisant oublier, avec la complicité des riches pays frères du Golfe, le projet des Deux- États pourtant contenu dans le plan de partage del’ONU depuis novembre 1947.
Enterrée la question palestinienne sous la diabolique machine de Nethanyahou? Presque. Car voilà que l’attaque du Hamas du 7 Octobre, condamnable sur la forme mais légitime sur le fond, vient mettre le grain de sable qui va gripper la machine du Premier ministre israélien, le poussant à découvrir définitivement son vrai visage de criminel genocidaire avec à son actif un bilan lourd de centaines de milliers de morts, blessés ou disparus gazzaouis dont la majorité se compte parmi les enfants et les femmes. Détruite à environ 80%, la bande de Gazza n’est qu’un vaste champs de ruines. Privée sciemment d’eau, de nourriture, de médicaments et de carburant, les gazzaouis traînent comme des fantômes sans savoir où aller pour éviter la mort.
Dans cet « Apocalypse now » réalisé dans le vrai par Nethanyahou, l’histoire semble soudain faire l’un de ses incroyables retournements. Et le peuple juif, hier victime du génocide nazi, se trouve transformé en bourreau. Déjà condamné par au moins les deux-tiers des peuples du monde, il se tient ce jeudi devant les juges de la Cour internationale de justice, cette cour inspirée de la Shoah et à la création de la laquelle le peuple juif avait dépensé un trésor d’efforts et d’énergie au lendemain de la seconde guerre mondiale.
PS: au moment où l’on termine cet article, aucun des 22 pays arabes ne s’est joint à l’Afrique du Sud dans sa requête contre Israël.