Au centième jour de la guerre entre Israël et le Hamas, en fait contre les Palestiniens, les bombes tombent toujours sur Gaza et la liste des victimes ne cesse de s’allonger. « La mort, la destruction, le déplacement, la faim, la perte et le chagrin massifs de ces 100 derniers jours entachent notre humanité commune », a déclaré ce dimanche le patron de l’agence d’aide aux réfugiés palestiniens de l’ONU (UNRWA), Philippe Lazzarini, en visite dans le territoire côtier assiégé.
Des atrocités ont bien été commises le 7 octobre au cours d’actes terroristes qui dépassaient le droit légitime à la résistance, mais Israël outrepasse cruellement son droit, tout aussi légitime, à se défendre. Et, défiant le monde entier, ou presque, Benjamin Netanyahou, qui porte une lourde responsabilité dans ce drame innommable, entend continuer ce massacre : « Personne ne nous arrêtera, ni La Haye, ni ‘«l’axe du mal’, ni personne d‘autre ». Une guerre d’extermination, une guerre dévastatrice, le pire d’un État colonial… Il ne faut surtout pas ignorer ce qui se passe en Cisjordanie où les colons israéliens imposent leur loi.
On a entendu des mots qui ne peuvent que disqualifier ceux qui les ont prononcé : les Palestiniens, des « animaux humains » auprès desquels on ne peut pas vivre. En infligeant sans remords aux Palestiniens ce que les nazis ont fait aux juifs, les dirigeants israéliens ont fait tomber les barrières morales contrairement à ce qu’ils prétendent. Une perte d’humanité camouflée derrière des mots mensongers. Le droit de se défendre n’est pas le droit de tuer.
A Paris, l’Union Juive Français pour la Paix affirme : « Ils ne tuent pas seulement les Palestiniens, ils tuent aussi le judaïsme ». L’UJFP cite Yeshayahou Leibowitz : « « l’occupation détruit la moralité de l’occupant » et aussi Marek Edelman, commandant en second de l’insurrection du ghetto de Varsovie : « être juif, c’est être toujours au côté des opprimés ».
Le 7 octobre, le Hamas a remis la question palestinienne sur le devant de la scène et celle du jour d’après a été reposée avec une réponse unanime : la seule issue est la création de deux Etats. En 1993, par les accords d’Oslo, Israël a osé emprunter la voie de la paix, la seule qui puisse garantir sa sécurité. Deux ans plus tard, l’assassinat d’Yitzhak Rabin tuait les espoirs combattus également par les extrémistes palestiniens, dont le Hamas. Aujourd’hui, Netanyahou, Ben Gvir, Smotrich et autres font tout pour qu’il n’y ait jamais d’Etat palestinien.
Mais les réactions à leur détermination meurtrière et notamment celle de l’Afrique du Sud qui accuse l’Etat hébreu de « génocide » devant la Cour internationale de justice montre que le monde change, a davantage changé en cent jours que durant les dernières années.
Retour de la solution à deux Etats, monde qui change avec des Etats-Unis moins dominateurs, oui mais un autre son de cloche fait écho : la cause palestinienne n’est-elle pas finalement une « cause perdue » qui n’intéresse guère le monde, y compris arabe. Ne peut-on pas résoudre le problème par l’économie en favorisant des accords entre Israël, l’Arabie Saoudite, les Emirats, l’Egypte… Le niveau de vie plus qu’un État…