Donald Trump ne va pas disparaître » a lancé vendredi, sans masque, à ses partisans le sénateur du Texas Ted Cruz, qui avait fui le froid polaire de son État pour la chaleur de Cancun. Demain, c’est l’ancien président qui montrera qu’il est toujours présent et qu’il faudra compter avec et sur lui. En leader incontesté des conservateurs, il prononcera le discours de clôture de la grande messe annuelle du Capac, le Conservative political action conference, à Orlando en Floride. Pour l’écouter, il n’y aura que des fidèles, ses principaux adversaires républicains, Mitt Romney et Mitch McConnell n’ont pas été invités et son vice-président Mike Pence ne viendra pas.
Que va-t-il annoncer? Sans doute pas qu’il se représentera en 2024. Il parlera de « l’avenir du parti et du mouvement conservateur », de l’immigration et des « politiques désastreuses » menées par son successeur, ce Joe Biden qui lui a volé la victoire.
Son premier objectif: la reconquête du Congrès, Chambre des représentants et Sénat en 2022 à l’occasion des élections du mid-term. Il a déjà annoncé son soutien à un rival d’un représentant qui avait osé voté en faveur de la procédure d’impeachmen »t. Pas d’oubli, pas de pardon. Et nombre d’élus républicains savent qu’ils ont besoin de son soutien pour être élu ou réélu. Le parti est divisé, mais il est trop tôt pour se séparer du maître… Ses adversaires reconnaissent qu’il gagnerait les primaires. Ses électeurs, 74 millions, un record pour un battu, ont oublié l’assaut du Capitole. Un sondage du 16 février indique que 59% des républicains souhaitent qu’il joue un rôle majeur à l’avenir; ils n’étaient que 41% après le Capitole et 50% à l’ouverture de son procès. Ils expliquent: « Donald Trump se bat tous les jours pour nous »…
Privé de Twitter et de Facebook, Donald Trump enrage et cherche, selon ses proches, comment revenir sur les réseaux sociaux. En parlera-t-il? Il pourrait rejoindre Gab, « un endroit sûr pour les conservateurs » ou Parler, autre réseau peu regardant sur les contenus. Cet été il y avait ouvert un compte en échange de 40% des parts de l’entreprise, mais l’opération n’avait pas finalement abouti. Si elle se réalisait, l’ancien président pourrait être poursuivi en vertu des lois anti-corruption. Peut-être tentera-t-il de créer son propre réseau, par exemple un youtube républicain? Mais il lui faudra surmonter outre les problèmes techniques, ceux posés par la modération et la publicité.
De beaux projets de retour qui ne tiennent pas compte de ses casseroles, de la justice qui n’hésitera pas à l’envoyer en prison. Il vient de connaître une cruelle défaite: la cour suprême qu’il avait remodelé afin qu’elle le soutienne a rejeté la demande d’annulation de la décision d’un juge fédéral lui ordonnant de remettre huit années, de 2011 à 2018, de déclarations fiscales et bancaires au procureur de Manhattan. « La poursuite de la plus grande chasse aux sorcières de notre pays » a-t-il dénoncé. Il devrait l’évoquer dans son discours et réaffirmer sa volonté de se battre. Au départ, Cyrus Vance s’intéressait aux sommes qui auraient été versées en 2016 à deux maîtresses de Trump pour qu’elles se taisent, mais l’enquête s’est élargie à des fraudes fiscales, bancaires et aux assurances. Il veut aller vite car il quitte ses fonctions en janvier prochain. D’autres procureurs s’intéressent au « retraité » de Mar-a-Lago visé, au civil ou au pénal par une bonne dizaine d’affaires. De quoi occuper ses avocats. Avant de quitter la Maison Blanche, Trump s’était constitué un petit magot, 71 millions de dollars pour financer son comité d’action politique « save america » dans l’optique de 2024. Cet argent servira-t-il à payer ses défenseurs?