Les combats violents se poursuivent, la liste des morts s’allonge mais les signes d’une trêve à Gaza se multiplient. Rien de confirmé cependant car le mouvement islamiste exige davantage et Israël réaffirme chaque jour qu’il ira jusqu’au bout de sa guerre, de sa vengeance.
Dans ce flot de nouvelles plus ou moins contradictoires, un fait nouveau apparaît qui a trait à ce fameux jour d’après évoqué dès le lendemain du tragique 7 octobre.
Ce fait est un homme, Mohammed Dahlan qui fit son retour par le biais d’une interview accordée à Michel Taubmann de la revue Politique internationale. On sait parfaitement que l’avenir de la région ne passera pas par Benjamin Netanyahou et Mahmoud Abbas. L’un et l’autre sont discrédités. Côté israélien, on songe à Benny Gantz, l’homme le plus populaire du pays ; côté palestinien, deux leaders émerge Marwane Barghouti, dans les geôles israéliennes depuis 2002 et Mohammed Dahlan, un ancien compagnon de Yasser Arafat lors de son exil tunisien.
Le « Nelson Mandela de Palestine » est plus apprécié des Palestiniens qui voient en lui un héros, mais l’ancien homme fort du Fatah, originaire de Khan Younès, vu parfois comme un traître corrompu et soupçonné d’être mêlé à l’empoisonnement d’Arafat, bénéficie du soutien des Emirats arabes unis où il réside depuis sa défaite face au Hamas à Gaza et aussi de l’Egypte, de l’Arabie saoudite et de la Jordanie. Cet adversaire des Frères musulmans pourrait avoir l’aval des Etats-Unis et d’Israël.
Au-delà de sa volonté exprimée de jouer un rôle, Mohammed Dahlan revient sur ce qui est presque un tabou : la solution à deux Etats. Il l’approuve, mais, dit-il « je crois que les gouvernements israéliens successifs, en particulier ceux de Netanyahou, ont détruit la solution à deux États et les éléments qui permettraient d’y parvenir. Ce qui reste de territoires pour un éventuel État palestinien ressemble à du gruyère. Il est impossible d’y établir la moindre souveraineté, d’y exercer le moindre contrôle et d’y vivre dignement. Je m’oppose totalement à une telle solution et nous y résisterons de toutes nos forces. » Alors, il penche pour l’établissement d’un Etat unique « dans lequel nous serions aussi égaux que les dents d’un peigne » Il poursuit : « nous ne sommes pas hostiles à une solution confédérale avec des liens multiples similaires aux pays du Benelux dès lors que notre souveraineté nationale serait reconnue. Notre leader historique Yasser Arafat l’a exigé à partir des années 1980 et personne ne l’a écouté. La majorité de notre peuple est ouvert à des solutions créatives, mais nous devons d’abord obtenir notre indépendance nationale et ensuite décider librement. »
Certaines sources indiquent que l’idée d’un Etat unique chemine également au sein de la Knesset. Peut-être, mais pour l’heure, avec Netanyahou et des extrémistes qui ne rêvent que de chasser les Palestiniens, cette solution ressemble à un vœu pieu. Et un préalable existe : avant d’en parler, le retour à l’apaisement, à la paix est indispensable.
Mohammed Dahlan insiste sur l’institution d’un système « clairement démocratique » avec des élections. Mais qui dit qu’il les gagnerait ? Avec Mohammed Dahlan qui préconise également un « plan Marshall » pour développer la Palestine, ce serait la victoire, l’aboutissement des accords d’Abraham. Les Palestiniens et les rues arabes sont-ils prêts à l’accepter ?
L’’enfant de Khan Younès, né il y a soixante-deux ans dans un camp de réfugiés, ouvre de nouvelles perspectives, mais le jour d’après n’est pas pour demain.