Quatre primaires, quatre victoires. Donald Trump poursuit son chemin qui le mènera, il en est sûr, à cette Maison Blanche qui lui a été volée par le « plus mauvais président de l’histoire des Etats-Unis ». Le 5 novembre, il relancera son célèbre « You’re fired » – vous êtes viré – qui sanctionnait l’échec des candidats à son jeu The Apprentice, la téléréalité qu’il a présenté de 2004 à 2015 et qui l’a fait connaître du public américain.
Paraphrasant Audiard et Lautner, on peut dire que Trump “ose tout et que c’est à ça qu’on le reconnaît”. Et , il « flingue à tout va » sa cible favorite , Joe Biden, «Ce type n’est pas capable de trouver son chemin pour descendre d’une scène !» ou ce type qui demande «où suis-je ? Où suis-je ?». Des mots et imitations qui font rire les Maga qui le suivent aveuglément. Qui ne cillent pas quand leur héros se compare à Navalny en attaquant le président: « il a critiqué un dictateur autoritaire alors que son administration fait la même chose à son opposant politique Donald Trump ». Sa condamnation à une très lourde amende est « une forme de Navalny, de communisme, de fascisme. ». Il ose aussi se comparer aux Noirs américains : « Beaucoup de gens disent que les personnes noires m’aiment bien parce qu’elles ont tellement souffert et été discriminées et qu’elles me voient comme quelqu’un qui a été discriminé. » Et il ajoute fièrement à propos de sa photo d’identité judiciaire, désormais célèbre: « Vous savez qui l’a adopté plus que n’importe qui d’autre? La population noire, c’est incroyable. » Peu importe les réactions outrées à ce que le camp Biden qualifie de « débile », d’ « insultant », les Républicains le suivent parce qu’il peut leur redonner le pouvoir…
Jour après jour, le discours ne change pas : le pays gouverné par des « tyrans corrompus et fascistes » court à sa ruine, « les migrants tuent nos citoyens, tuent notre pays », « le 5 novembre sera le jour de la libération ».
Nikki Haley, méprisée ouvertement par Trump, ne veut pas abandonner la course, mais plus que sur la suite des primaires, elle compte sur la justice pour écarter le milliardaire. Cependant, ses soucis judiciaires apparaissent toujours anecdotiques. Tout peut quand même changer et la Maison Blanche se transformer en prison.
Que dit de l’Amérique et de sa démocratie, cette bataille entre deux seniors qui ne semblent pas jouir de toutes leurs facultés ? Un défaut évident de renouvellement dans un système bloqué et une évolution à droite, un regain de populisme dû, comme en Europe, à la globalisation, au changement de l’équilibre mondial et à ses conséquences potentiellement dangereuses, aux difficultés grandissantes du quotidien. La majorité des Américains ne veut ni de Biden ni de Trump mais, faute d’autre choix, votera pour celui qui est censé défendre le mieux les intérêts du pays. Sans aucune garantie…