Cela a le goût d’élection, cela ressemble à des élections mais ce ne sont pas des élections. La parodie de la publicité du Canada dry, pour facile qu’elle soit, traduit la vérité : la présidentielle russe n’est qu’illusion et ne trompe personne dans le monde même si les amis et alliés de Poutine font semblant d’ y croire. Le président du Conseil européen, Charles Michel, pas dupe, a trollé le maître du Kremlin sur X : « Je tiens à féliciter Vladimir Poutine pour sa victoire écrasante aux élections ». Et il a ajouté : « Pas d’opposition. Pas de liberté. Pas de choix ».
Le résultat n’est pas connu puisque le vote, étalé sur trois jours, se termine dimanche, mais on sait – les ordres ont été donnés- que le score doit osciller entre 80 et 90% et la participation ne doit pas être inférieure à 70-75%. Malgré tout, une certaine fébrilité, voire de l’inquiétude, règne à Moscou : et si, malgré tout, la participation était plus faible ? Et si, suivant la consigne de Navalny relayée par sa veuve, les Russes venaient en masse voter dimanche à midi pour manifester leur opposition à Poutine. Les autorités ont déjà prévenu que toute protestation, tout attroupement seraient considérés comme de l’extrémisme. Et dans les administrations, les fonctionnaires se sont vus obligés de voter à telle heure, tel jour. Cela n’a pas empêché quelques débordements et arrestations en ce premier jour de scrutin.
De plus, la fraude est de rigueur à chaque élection. Au moins un tiers des voix sont obtenues par ce moyen surtout avec des gens qui votent plusieurs fois. Et le vote électronique permet aussi de frauder car les algorithmes sont inconnus, invérifiables…
La Russie de Poutine est un pays de mensonges, de réécriture de l’histoire où le mot démocratie a perdu son sens. Une façade. Des élections « Potemkine » avec des figurants.
Fils et petit-fils d’espion, Vladimir Poutine est un enfant du KGB où il a fait carrière, de la pègre de Saint-Pétersbourg où il a grandi, de l’Union soviétique dont il n’a jamais accepté la disparition. Son but est de rebâtir une grande Russie sinon un empire. Et malheur à ceux qui se mettent sur sa route. Jamais la répression n’a été aussi forte depuis Staline, Cinq fois plus que sous Brejnev. Et la délation est encouragée. Auto épuration, dit Poutine.
Cela ne veut pas dire que le dictateur moscovite soit honni par tous ses concitoyens. Biberonnés et nourris à la propagande poutinienne depuis plus de vingt ans, la majorité est aujourd’hui résignée ou indifférente. Un bon nombre de Russes lui sont encore reconnaissants d’avoir redressé le pays après le désastre engendré par la glasnost de Gorbatchev.
Gorbatchev, c’était l’espoir puis le désespoir. Poutine, c’est le retour à l’ordre, à la stabilité, à la grandeur. Jusqu’à quand ?