Déception et surtout colère. Lundi soir, les Gazaouis étaient en fête, le Hamas avait accepté l’accord avancé par l’Egypte et le Qatar, ils allaient pouvoir revivre ; les Israéliens se réjouissaient, des otages allaient être libérés. La joie a vite cédé la place à la colère : le mouvement islamiste n’aurait rien accepté mais simplement présenté des contrepropositions, aux dires de Washington, des exigences « inacceptables » selon Israël. Les souffrances perduraient, des otages n’allaient pas être libérés.
Colère aussi à l’Onu où le secrétaire général juge qu’une « invasion » de Rafah serait « intolérable ». Déplacer à nouveau des gens déjà déplacés dans des endroits où aucune sécurité ne peut être assuré est « inhumain », estime Volker Türk, la Haut-commissaire aux droits de l’homme ; Colère encore dans de nombreuse capitales où l’on déplore que l’aide humanitaire est bloquée ; colère également en Egypte où l’on considère que les accords conclus en 1979 et 2005 ne sont pas respectés.
En fait, les jeux de dupes continuent. Un festival de mensonges depuis que des négociations se sont engagées. Le Hamas militaire, en désaccord de plus en plus profond avec la branche politique, réclame depuis le début un cessez-le-feu permanent. Netanyahou répète inlassablement qu’une trêve n’empêchera pas une offensive sur Rafah. Plus que la libération des otages, il veut détruire les quatre brigades du Hamas qui seraient présentes à Rafah et tuer les leaders, Yahya Sinwar et Mohamed Deif. Une utopie à laquelle il s’accroche. Il ne cherche qu’à gagner du temps, un temps, qui, croit-il, lui permettra de montrer à ses concitoyens des résultats positifs. En réalité, il ne promet qu’une fausse sécurité. Bien sûr, il affaiblit le Hamas de plus en plus impopulaire auprès des Gazaouis qui souffrent chaque jour davantage. Mais, en même temps, des enfants, des jeunes qui n’auront pas oublié seront des recrues faciles. Chaque jour, la haine monte. Et des deux côtés.
Si les négociations ne sont pas rompues, il faudra beaucoup de pression pour aboutir à un accord. Les Etats-Unis de Joe Biden auraient laissé trois semaines à Netanyahou avant de sévir. Wait and see…